3-27 mars 1996
France. Poursuite de la lutte entre nationalistes corses et annonce de mesures gouvernementales
Le 3, à l'issue du congrès du Mouvement pour l'autodétermination (M.P.A.), vitrine légale du F.L.N.C.-Canal habituel, ses dirigeants déclarent que « les violences politiques et les organisations clandestines doivent disparaître » dès que seront acquis la reconnaissance de la notion de « peuple corse » et un statut d'« autonomie interne ». Le M.P.A. affirme rejeter l'« indépendantisme ».
Le 3 également, Resistenza, mouvement armé proche de l'Accolta naziunale corsa (A.N.C.), la plus petite des trois organisations nationalistes corses, se déclare prête à collaborer au processus de paix amorcé en janvier avec l'annonce d'une trêve de la part du F.L.N.C.-Canal historique, à la condition que les pouvoirs publics ne privilégient pas le dialogue avec cette seule composante du courant nationaliste.
Le 8, un militant de l'A.N.C. échappe de peu à une tentative d'assassinat, à Ajaccio. L'A.N.C. met en cause le F.L.N.C.-Canal historique et « ses relais du R.P.R. ». En février, deux militants nationalistes, un membre de l'A.N.C. et un membre d'A Cuncolta naziunalista, vitrine légale du F.L.N.C.-Canal historique, avaient été tués dans l'île. La guerre entre mouvements nationalistes, qui a commencé en juin 1993, a déjà fait seize morts.
Le 8 également, le domicile d'un journaliste de Libération spécialiste de la question corse, Guy Benhamou, est mitraillé à Orsay (Essonne). Les enquêteurs privilégient l'hypothèse d'un acte d'intimidation commis par le F.L.N.C.-Canal historique.
Le 12, le ministre de l'Intérieur Jean-Louis Debré déclare à l'Assemblée nationale qu'« il n'est pas question qu'il privilégie qui que ce soit » et que le gouvernement entend développer un dialogue « avec les responsables élus à l'assemblée territoriale ».
Le 12 également, sur France 2, le ministre de la Justice Jacques Toubon déclare qu'« il faut remonter une dérive qui date de dix à vingt ans » en Corse. Jacques Toubon s'était rendu dans l'île en février pour réaffirmer que « l'État de droit » régnait en Corse et que, notamment, la justice y fonctionnait de façon satisfaisante, contrairement aux dires de nombreux magistrats.
Le 23, la police arrête, à Ajaccio, deux militants d'A Cuncolta naziunalista qui s'apprêtaient à commettre un attentat à la bombe contre la chambre de commerce et d'industrie, dirigée par un des responsables du M.P.A.
Le 27, le gouvernement annonce un premier train de mesures en faveur de l'économie et de la culture corses. Il décide notamment de soumettre à la Commission de Bruxelles son projet de classer en zone franche l'ensemble de l'île. Le gouvernement annonce également la reprise du versement de la prime européenne à la vache allaitante, qui avait été suspendu en février après la découverte de nombreuses irrégularités.