3-28 mars 1996
Israël - Autorité palestinienne. Attentats-suicides et sommet international contre le terrorisme
Le 3, le troisième attentat-suicide en une semaine, dirigé contre un autobus, à Jérusalem, cause la mort de dix-neuf personnes. Comme les précédents, il est revendiqué par le Hamas qui annonce la suspension de ses activités militaires en vue de négocier une trêve d'ici à trois mois. Cette dernière annonce fera l'objet de confirmations et de démentis qui prouvent la division du Mouvement de la résistance islamique. De nouveau pris à partie par ses concitoyens et par l'opposition du Likoud, qui remonte dans les sondages en vue des élections de mai, le Premier ministre Shimon Peres annonce un renforcement des mesures de sécurité.
Le 4, douze personnes sont tuées à Tel-Aviv lors d'un nouvel attentat-suicide.
Le 4 également, Shimon Peres autorise l'armée à intervenir dans les territoires autonomes palestiniens, en violation des accords de paix ; il annonce la mise en place de mesures de séparation des populations israélienne et palestinienne, avec notamment de fortes restrictions de mouvements, y compris entre chaque enclave palestinienne ; enfin, le Premier ministre annonce la constitution d'un « état-major spécial » de crise dirigé par le chef du Shin Beth, le service de renseignements.
Le 5, l'armée lance des opérations de police dans plusieurs villages de Cisjordanie, pour murer des maisons appartenant à des familles d'activistes islamistes et démanteler les institutions liées au Hamas. Elle intervient notamment à Hébron, d'où viennent la plupart des auteurs des récents attentats. Plusieurs centaines de militants du Hamas sont arrêtés par les autorités israéliennes ainsi que par la police palestinienne. L'état-major spécial décide de reprendre la pratique des bannissements de Palestiniens, abandonnée depuis décembre 1993.
Le 7, à Gaza, lors de la séance inaugurale du Conseil palestinien élu en janvier, le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat justifie les mesures de lutte contre les activistes islamistes responsables des attentats-suicides.
Le 10, la police palestinienne interpelle trois des membres les plus connus de la branche militaire du Hamas, les brigades Ezzedine el Qassam, ce qui vaut à Yasser Arafat les félicitations de Shimon Peres.
Le 13, un sommet des « bâtisseurs de paix » contre le terrorisme, qui est destiné à illustrer la mobilisation internationale contre les obstacles au processus de paix, se tient à Charm el-Cheikh, en Égypte, sur l'initiative conjointe du Caire et de Washington. Les chefs d'État et de gouvernement et de hauts responsables de vingt-neuf pays et organisations internationales y participent, dont treize délégations arabes. La Syrie et le Liban refusent d'y assister. La déclaration finale, qui défend la sécurité et la stabilité de la région, évoque également les « besoins économiques » des Palestiniens. Un différend apparaît entre les Américains – qui privilégient la répression du terrorisme et auraient souhaité obtenir une condamnation de l'Iran – et les Européens – qui préfèrent insister sur la nécessité du développement des territoires autonomes et ne veulent pas impliquer explicitement Téhéran.
Le 28, le gouvernement israélien annonce le report sine die de l'évacuation d'Hébron, qui aurait dû s'achever le jour même.