3-28 novembre 1997
Le Japon et la Corée du Sud frappés à leur tour par la crise financière
Le 3, la maison de titres japonaise Sanyo Securities dépose son bilan. Elle laisse un passif équivalant à 18 milliards de francs. Il s'agit de la première faillite d'un courtier japonais depuis 1945.
Le 16, la banque Hokkaido Takushoku, l'une des dix plus importantes du Japon, se déclare en faillite. La somme de ses créances douteuses est estimée à l'équivalent de 43,5 milliards de francs. Toutefois, la détermination exprimée par le gouvernement de garantir les créances et les dépôts de l'établissement, alliée à sa volonté déclarée d'assainir le système bancaire, provoque, le lendemain, une forte hausse – 7,96 p. 100 – de la Bourse de Tōkyō. Celle-ci a beaucoup souffert de la crise financière qui sévit depuis l'été en Asie du Sud-Est où la tendance boursière, qui s'était momentanément améliorée à la fin d'octobre, demeure globalement à la baisse.
Le 18, le gouvernement japonais présente un plan de relance économique bien accueilli par les marchés.
Le 18 également, le ministre sud-coréen des Finances, Kang Kyong-shik, démissionne en raison des difficultés à faire voter les lois de réformes économiques qu'il propose. La situation financière du pays, onzième puissance économique mondiale, est très dégradée ; sa monnaie, le won, a perdu 12 p. 100 de sa valeur par rapport au dollar en trois semaines ; sept conglomérats de taille moyenne ont fait faillite au cours des derniers mois ; de nombreuses banques, submergées par les créances douteuses, sont en difficulté. Cette crise affecte la Bourse de Tōkyō. Les jours suivants, la chute du won s'amplifie, entraînant un nouveau repli des devises les plus fragiles de la région, bath thaïlandais, ringit malaisien, roupie indonésienne et dollars taiwanais et singapourien.
Le 21, Séoul demande l'assistance du Fonds monétaire international (F.M.I.). Le 28, la Corée du Sud requerra également l'aide du Japon.
Le 24, le quatrième courtier japonais, Yamaichi Securities, dépose son bilan. Il laisse l'équivalent de 150 milliards de francs de dettes, obligeant les autorités à mobiliser les fonds publics pour assurer la protection des déposants. Le lendemain, la Bourse de Tōkyō cède 5,11 p. 100. L'ampleur de la crise financière japonaise fait craindre une nouvelle détérioration des finances publiques qui étaient en cours d'assainissement. Washington redoute que les institutions financières du Japon, premier banquier mondial, retirent massivement leurs placements en obligations américaines, notamment en bons du Trésor américain dont elles détiennent 320 milliards de dollars.
Le 25, au sommet du Forum de coopération Asie-Pacifique, à Vancouver, le président Clinton stigmatise les lenteurs de l'économie japonaise à se réformer et à s'ouvrir aux produits étrangers. Il met en garde Tōkyō contre la tentation de laisser chuter le yen, ce qui aggraverait le déficit commercial des États-Unis vis-à-vis du Japon. Le président américain somme les autorités japonaises d'adopter des mesures urgentes de « revitalisation de l'économie » en vue de mettre un terme à la crise financière asiatique.