3-29 février 1996
Bosnie-Herzégovine. Difficultés dans l'application des accords de Dayton
Le 3, conformément au calendrier des accords de Dayton, les combattants achèvent de se retirer des zones devant être restituées à l'autre camp. Toutefois, les médiateurs internationaux acceptent que le transfert du pouvoir entre les mains des autorités bosniaques, dans les quartiers de Sarajevo contrôlés par les forces de Pale, ne s'achève que le 19 mars.
Le 5, l'O.T.A.N. confirme que les forces gouvernementales bosniaques retiennent, depuis la fin de janvier, huit soldats serbes, dont deux officiers, qu'elles soupçonnent de crimes de guerre. Les autorités bosniaques affirment qu'elles respecteront la décision du Tribunal pénal international (T.P.I.) concernant ces suspects. En réaction, Pale suspend tout contact avec Sarajevo.
Le 7, l'administrateur européen de Mostar, Hans Koschnik, est violemment pris à partie par des manifestants nationalistes croates après avoir présenté le plan de réunification de la ville. Les Croates souhaitent que Mostar reste divisée, tandis que les Musulmans préféreraient un vaste centre-ville multiethnique, solution proposée par Hans Koschnik comme prélude à une réunification future. Le maire croate de Mostar décide de rompre ses relations avec l'administration européenne. La réunification de Mostar constitue un enjeu pour la survie de la Fédération croato-musulmane.
Le 8, le général Ratko Mladić, chef militaire des Serbes bosniaques, ordonne à ses troupes de cesser toute relation avec l'Ifor (Implementation Force) tant que les militaires détenus par les autorités bosniaques ne seront pas libérés. Il est toutefois désavoué par le « président » de la « république serbe de Bosnie » Radovan Karadzić.
Le 12, les deux officiers serbes sont transférés à La Haye, siège du T.P.I..
Le 16, l'Ifor annonce la découverte d'un arsenal et l'arrestation de onze « terroristes », dont trois ressortissants iraniens, dans un camp d'entraînement de combattants musulmans, à l'ouest de Sarajevo.
Les 17 et 18 se tient à Rome une réunion de suivi des accords de Dayton en présence de représentants du groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie et des présidents bosniaque, croate et serbe. Convoquée de façon anticipée par l'émissaire américain Richard Holbrooke, cette réunion est destinée à éviter une crise à propos des criminels de guerre ou de la réunification de Mostar ou de Sarajevo. Un accord est conclu au sujet de la délimitation des quartiers croate et musulman de Mostar et du centre-ville mixte dont l'étendue est réduite par rapport au projet de Hans Koschnik. En revanche, aucun compromis n'est obtenu sur la question des arrestations de criminels de guerre.
Le 20, le rétablissement officiel de la liberté de circulation entre les deux secteurs de Mostar s'accompagne d'incidents. Le 25, Hans Koschnik annoncera sa démission, malgré la reconduction pour six mois, à Rome, du mandat de l'Union européenne relatif à l'administration de Mostar.
Le 21, les Serbes de Bosnie annoncent la reprise de leurs contacts avec l'Ifor.
Le 23, les policiers bosniaques commencent à prendre le contrôle des quartiers de Sarajevo qui étaient jusque-là aux mains des Serbes et qui ont été désertés par la presque totalité de leurs habitants sous la pression de Pale.
Le 23 également, la Russie suspend de façon unilatérale les sanctions internationales imposées aux Serbes de Bosnie. Washington juge cette décision « prématurée ».
Le 29, la prise de contrôle du faubourg d'Ilijas, au nord de Sarajevo, par la police croato-musulmane rompt l'encerclement de la capitale en établissant une continuité territoriale entre celle-ci et la Fédération croato-musulmane.