3-29 février 2012
Syrie. Tentatives internationales de règlement de la crise et siège meurtrier des quartiers rebelles d'Homs
Le 3, l'armée bombarde les quartiers de Khaldiyé et de Baba Amro, à Homs, bastion de l'insurrection contre le régime de Bachar al-Assad, faisant plus de deux cents morts, des civils pour la plupart. L'Armée libre de Syrie, qui regroupe des insurgés et des soldats déserteurs, contrôle plusieurs quartiers de la ville. La répression continue les jours suivants.
Le 4, la Russie et la Chine opposent leur veto, devant le Conseil de sécurité de l'O.N.U., au projet occidental de résolution soutenant le règlement de la crise syrienne proposé par la Ligue arabe. Les deux pays avaient agi de même en octobre 2011.
Le 5, les États-Unis décident de fermer leur ambassade à Damas, et la Tunisie expulse l'ambassadeur syrien. Les jours suivants, plusieurs pays européens, dont la France, rappellent leur ambassadeur pour consultations, tout comme les six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (Arabie Saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar), qui expulsent en outre les ambassadeurs syriens.
Le 12, la Ligue arabe, temporairement dirigée par le Qatar, demande à ses membres de rompre toute relation diplomatique avec Damas et annonce son intention d'apporter « toutes les formes de soutien politique et matériel » à l'opposition. Elle met fin à la mission d'observation envoyée dans le pays en décembre 2011, qui avait été suspendue en janvier, et demande au Conseil de sécurité la formation d'une force de maintien de la paix arabo-onusienne.
Le 13, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'O.N.U. Navi Pillay affirme devant l'Assemblée générale des Nations unies que « des crimes contre l'humanité ont vraisemblablement été commis » en Syrie depuis le début des troubles, en mars 2011.
Le 16, cent trente-sept des cent quatre-vingt-treize pays membres de l'Assemblée générale des Nations unies adoptent une résolution – non contraignante – exigeant la fin immédiate des violences perpétrées contre les civils par le régime de Damas et soutenant le plan de paix de la Ligue arabe et la nomination d'un envoyé spécial de l'O.N.U. pour la Syrie.
Le 18, pour la première fois depuis le début du mouvement de contestation, des milliers de manifestants, mobilisés par le biais des réseaux sociaux, défilent dans le centre de Damas.
Le 21, le Comité international de la Croix-Rouge demande l'instauration d'une trêve quotidienne de deux heures à Homs, afin de pouvoir acheminer l'aide humanitaire, alors que le siège des quartiers insurgés de la ville se renforce.
Le 22, deux journalistes, le Français Rémi Ochlik et l'Américaine Marie Colvin, sont tués dans le quartier de Baba Amro, à Homs, bombardé depuis le 3.
Le 23, l'ancien secrétaire général de l'O.N.U. Kofi Annan est nommé émissaire conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe en Syrie par ces deux organisations.
Le 24 se déroule à Tunis la première réunion des Amis du peuple syrien, coprésidée par la Tunisie et le Qatar. Une soixantaine d'États et d'organisations internationales y participent. Ceux-ci reconnaissent le Conseil national syrien, qui rassemble l'opposition au régime, comme « un représentant légitime » du peuple syrien et s'engage à lui fournir « un soutien effectif ».
Le 26, le régime de Bachar al-Assad organise un référendum sur la nouvelle Constitution, qui instaure le multipartisme, abolit le « rôle dirigeant » du parti Baas et limite à deux le nombre de mandats présidentiels à compter de 2016. Selon les chiffres officiels, 89,4 p. 100 des électeurs approuvent le texte, avec un taux de participation de 57,4 p. 100.
Le 27, l'Union européenne adopte un douzième train de sanctions contre la Syrie, qui prévoit notamment le gel des avoirs de la Banque centrale syrienne en Europe.
Le 29, l'armée lance une offensive contre le quartier de Baba Amro, à Homs.