3-29 février 2020
Syrie - Turquie. Escalade militaire dans la province d’Idlib
Le 3, des affrontements meurtriers opposent les forces turques et syriennes dans la province d’Idlib. Les opérations turques visent à secourir des postes d’observation turcs encerclés par l’armée syrienne à la faveur de l’offensive que celle-ci mène depuis avril 2019 contre la province, appuyée par l’aviation russe. Ankara y dispose de douze postes d’observation, en application de l’accord de Sotchi passé avec Moscou en septembre 2018. Le président turc Recep Tayyip Erdogan déclare que « la Russie doit agir soit avec le régime [de Damas], soit avec la Turquie ». Cette dernière, qui accueille déjà trois millions six cent mille réfugiés syriens, craint un nouvel afflux à ses frontières, provoqué par l’avancée de l’armée syrienne dans la province d’Idlib. Cette dernière abrite trois millions cinq cent mille personnes, pour la plupart déplacées.
Le 7, la Turquie envoie de nouveaux renforts dans l’enclave d’Idlib en réponse à la conquête par les forces loyalistes, l’avant-veille, de la ville de Saraqeb, située à la jonction de deux axes routiers stratégiques.
Le 11, les forces loyalistes prennent le contrôle de l’autoroute M5 reliant Alep à Damas en passant par Saraqeb, qui était aux mains des rebelles depuis 2012.
Le 12, tandis que Recep Tayyip Erdogan menace de frapper le régime de Damas « n’importe où » en cas de nouvelle attaque contre ses positions en Syrie, le Kremlin accuse Ankara de ne pas « neutraliser les terroristes » islamistes qui contrôlent l’enclave, comme prévu par l’accord de 2018.
Le 27, les combattants islamistes de Hayat Tahrir al-Cham et les rebelles aidés par Ankara reconquièrent la ville de Saraqeb.
Le 27 également, alors que les pourparlers entre Ankara et Moscou en vue de l’établissement d’un cessez-le-feu s’achèvent sans résultat, une frappe aérienne provoque la mort d’au moins trente-trois soldats turcs dans la province d’Idlib. Ces pertes portent à cinquante-quatre le nombre de soldats turcs tués dans le pays depuis le début du mois. Ankara appelle à l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne dans la région d’Idlib et obtient une réunion d’urgence de l’OTAN – qui se tient le lendemain.
Les 28 et 29, alors que de nombreux pays et organisations occidentaux réagissent vivement au risque d’escalade militaire, les forces turques bombardent les forces syriennes en représailles des pertes subies.