3-29 juin 1982
Israël - Liban. Invasion du Liban par Israël
Le 6, l'armée israélienne pénètre au Liban : depuis l'avant-veille, en « représailles » après l'attentat commis, le 3, contre l'ambassadeur d'Israël à Londres, l'aviation israélienne avait bombardé à plusieurs reprises Beyrouth et d'autres agglomérations libanaises, tuant des centaines de Libanais et de Palestiniens. Jérusalem soutient tout d'abord que cette action militaire est destinée à repousser les Palestiniens « à 40 kilomètres au nord » dans le but de « placer la population civile de Galilée hors de portée des tirs terroristes ».
Dès le 6, tandis que le gouvernement libanais demande la convocation d'un sommet extraordinaire de la Ligue arabe et que le président égyptien Moubarak condamne « l'agression contre le Liban frère », le Conseil de sécurité exige, à l'unanimité de ses quinze membres, le retrait « immédiat et inconditionnel » des forces israéliennes. Les Sept, réunis à Versailles, avaient demandé, quelques heures avant l'invasion du Sud-Liban, « un arrêt immédiat et simultané des violences ». À l'issue du sommet, François Mitterrand, tout en « condamnant l'intervention israélienne », précise que des initiatives ne pourront être prises qu'à la demande du gouvernement libanais.
Cependant, les forces israéliennes poursuivent leur offensive : dès le 7, elles encerclent Saïda, à 85 km d'Israël, grâce à des opérations de débarquement navales et héliportées. Les combats avec les Palestiniens sont très violents, mais l'engagement syrien reste limité.
Le 7, Philip Habib, envoyé spécial du président Reagan, se rend au Proche-Orient pour tenter une mission de médiation. Les jours suivants, il se rend à plusieurs reprises à Jérusalem, Beyrouth et Damas ; pour ne pas entraver cette mission, les États-Unis opposent, le 8, leur veto à une résolution du Conseil de sécurité exigeant à nouveau le retrait des forces israéliennes. Le même jour, à Paris, Claude Cheysson souligne que « la condamnation par la France de l'invasion israélienne est totale ».
Le 9, l'aviation israélienne s'attaque aux batteries de missiles SAM-6 installés en avril 1981 dans la plaine de la Bekaa. Des combats aériens très violents se poursuivent pendant plusieurs jours ; un bilan israélien indique que 84 Mig syriens ont été abattus, soit le quart de l'aviation de Damas. Les ministres des Affaires étrangères des Dix, réunis à Bonn, « condamnent vigoureusement » l'offensive israélienne, et soulignent que des sanctions économiques pourraient être prises contre Israël.
Le 10, alors que les Israéliens sont aux portes de Beyrouth, le président Reagan « somme » Jérusalem d'arrêter son offensive et, le 11, un cessez-le-feu intervient entre Israël et la Syrie. Mais, comme il ne concerne pas l'O.L.P., les bombardements de Beyrouth et les assauts contre les positions tenues par les Palestiniens dans le Sud-Liban continuent. Un second cessez-le-feu, entré en vigueur le 12 et incluant cette fois l'O.L.P., est rompu vingt-quatre heures plus tard.
Le 14, tandis que Moscou exige l'arrêt de l'« agression insolente » d'Israël, la France, dans un communiqué publié par l'Élysée, « demande solennellement à Israël qu'il soit mis fin sans délai aux bombardements et aux combats » et décide d'envoyer au Liban, le 15, Francis Gutmann, secrétaire général du Quai d'Orsay, pour faire part au président Sarkis de la solidarité de la France. Le même jour, Itzhak Shamir, ministre israélien des Affaires étrangères en visite à Paris, est reçu par François Mitterrand.
Toujours le 15, Damas rejette un ultimatum de Jérusalem, lui intimant de retirer ses troupes de Beyrouth et de ses environs. Pourtant les unités syriennes de la Force arabe ont subi une écrasante défaite et leur présence est désormais insignifiante, en particulier dans Beyrouth. Cependant, Tyr et Saïda sont totalement conquises par l'armée israélienne : une résistance farouche des palestino-progressistes a entraîné des destructions considérables et de très nombreuses victimes.
Le 18, alors que Beyrouth-Ouest est totalement encerclé par les forces israéliennes d'un côté et par les milices chrétiennes de Béchir Gemayel de l'autre, un nouveau cessez-le-feu entre en vigueur, proclamé « unilatéralement » par Israël. Il sera rompu le 21 par de nouveaux pilonnages de Beyrouth-Ouest.
Le 19, Farouk Kaddoumi, chef du département politique de l'O.L.P., est reçu à Paris par Pierre Mauroy et Claude Cheysson.
Le 20, se réunit pour la première fois à Beyrouth le Comité de salut national, qui rassemble autour du président Sarkis les dirigeants des principales forces politiques et confessionnelles libanaises. Mais cette unité de façade sera rompue dès le 25, Walid Joumblatt, chef du Mouvement national (progressiste), quittant le comité.
Le 21, Menahem Begin, Premier ministre israélien en visite aux États-Unis depuis le 15, est reçu par Ronald Reagan ; celui-ci évite toute critique publique de Jérusalem.
Le 25, Beyrouth est très violemment bombardé par terre, par air et par mer : le nombre des victimes serait supérieur à deux cents. Le soir même, entre en vigueur un nouveau cessez-le-feu ; celui-ci sera respecté les jours suivants.
Le 26, au Conseil de sécurité, Washington oppose son veto à une proposition française demandant la « neutralisation » de Beyrouth-Ouest sous le contrôle des Nations unies. L'O.L.P. avait soutenu cette résolution, votée par quatorze des quinze membres du Conseil de sécurité. D'autre part, l'Assemblée générale de l'O.N.U., réunie en session spéciale sur la Palestine, exige le même jour qu'Israël retire inconditionnellement toutes ses forces du Liban par 127 voix contre 2 (États-Unis, Israël) et aucune abstention.
Les 26 et 27, les ministres des Affaires étrangères arabes se réunissent à Tunis mais n'adoptent aucune des mesures demandées par l'O.L.P., la Syrie ou le Liban.
Le 29, les Dix, réunis en conseil européen à Bruxelles, renouvellent leur « vigoureuse condamnation » de l'invasion israélienne et demandent que le cessez-le-feu s'accompagne d'un retrait simultané des forces de Jérusalem et des feddayin du front de Beyrouth. L'O.L.P. est invitée à recourir à des « moyens politiques » pour faire valoir ses revendications.