3-29 juin 1996
France. Le gouvernement accusé d'étouffer les affaires mettant en cause le maire de Paris
Le 3, le maire (R.P.R.) de Paris Jean Tiberi présente au conseil municipal les projets de mise en vente de quelque trois cent cinquante appartements appartenant au domaine privé de la Ville et de transfert au secteur social municipal d'environ cent cinquante autres. Le domaine immobilier privé de la capitale était au centre d'une polémique depuis l'éclatement, en juin 1995, de l'affaire des appartements occupés par le Premier ministre Alain Juppé et son fils.
Le 4, à la demande du juge de Créteil Éric Halphen, la police perquisitionne au siège de l'Office public d'aménagement et de construction (O.P.A.C.) – l'office H.L.M. de la Ville de Paris –, que préside Jean Tiberi. Le magistrat chargé de l'instruction de l'affaire des fausses factures de la région parisienne cherche à vérifier les accusations portées contre le maire de Paris par l'ancien directeur général adjoint de l'O.P.A.C., François Ciolina, mis en examen pour trafic d'influence en mai 1995. Celui-ci lui a détaillé les procédures frauduleuses d'attribution de marchés publics par l'O.P.A.C. et a dénoncé les commissions versées à cette occasion au R.P.R., que, selon lui, Jean Tiberi ne pouvait ignorer. François Ciolina a également accusé Jean Tiberi d'avoir fait attribuer à son fils un logement social dans lequel de coûteux travaux auraient été effectués aux frais de la Ville. Le maire de Paris dénonce une « campagne de dénigrement ».
Le 18, le parquet de Créteil décide de transmettre au parquet de Paris, territorialement compétent, le dossier relatif à l'appartement du fils de Jean Tiberi, au sujet duquel le juge Halphen estimait, dans son ordonnance, que le maire de Paris risquait d'être poursuivi pour prise illégale d'intérêts, et son fils pour recel. En mars, le procureur de Paris, saisi de ce même dossier par une association de contribuables parisiens, avait choisi de le classer sans suite. Le Parti socialiste dénonce l'« étouffement » des affaires mettant en cause le R.P.R. et s'en prend au garde des Sceaux, Jacques Toubon.
Le 27, les policiers chargés d'assister le juge Halphen refusent de l'accompagner, après avoir consulté leur hiérarchie, lors de la perquisition du domicile de Jean Tiberi.
Le 28, le directeur de la police judiciaire de Paris, Olivier Foll, invoque des raisons « techniques » pour justifier le fait qu'il aurait refusé que des policiers participent à la perquisition effectuée par le juge Halphen.
Le 29, le procureur de Paris annonce le classement sans suite de l'affaire de l'appartement du fils de Jean Tiberi, le maire de Paris n'ayant pas d'« intérêt personnel » dans l'opération.