3-29 mai 1990
France. Le racisme et l'immigration au cœur du débat politique
Le 3, l'Assemblée nationale adopte en première lecture, par trois cent sept voix (P.S., P.C.F.) contre deux cent soixante-huit (R.P.R., U.D.F., U.D.C.), une proposition de loi communiste visant à aggraver la répression du racisme. Au cours des dix heures de débats enflammés, l'opposition critique un texte à ses yeux « liberticide ».
À partir du 10, le débat sur le racisme et l'antisémitisme s'intensifie après la profanation du cimetière juif de Carpentras.
Le 15, à la demande de l'opposition, le Premier ministre reporte au 29 la table ronde sur l'immigration qui devait se réunir le lendemain. Faisant suite à celle du 3 avril consacrée au racisme, elle interviendra donc après le débat prévu à l'Assemblée nationale sur le même sujet le 22.
Le 16, le bureau exécutif du P.S. renonce à demander, dans l'immédiat, le droit de vote des étrangers aux élections municipales. Cet abandon, qui correspond à un souhait formulé à Michel Rocard par l'opposition dans la perspective de sa participation à la table ronde du 29, est ressenti comme un recul par certains socialistes, qui voient là une victoire des idées d'extrême droite.
Le 22 a lieu le débat parlementaire sur l'immigration et l'intégration : s'il réunit à l'Assemblée nationale environ deux cents députés et de nombreux membres du gouvernement, il ne parvient toutefois pas à dégager un consensus sur la question.
Le 25, le Premier ministre adresse aux participants présumés de la table ronde du 29 – tous les partis représentés à l'Assemblée nationale, sauf le Front national – ses propositions pour une meilleure maîtrise des flux migratoires. Il affirme que ces mesures, visant à mieux contrôler les entrées d'étrangers en France tout en respectant « les valeurs de la République », pourraient faire l'objet d'un « large accord », prélude à l'établissement d'une « charte solennelle » sur l'immigration et l'intégration.
Le 29, l'opposition décide finalement, après avoir laissé paraître ses divisions, de participer à la table ronde qui se réunit le jour même. Après une heure et demie de discussions à l'hôtel Matignon, le Premier ministre, qui se félicite de « la volonté unanimement partagée » de maîtriser les flux migratoires, ne semble pas être au diapason d'une opposition qui refuse de « cautionner l'inaction » gouvernementale et déclare ne plus vouloir se prêter à « de nouvelles concertations-alibis ».