3-30 août 1983
Chili. Sévère répression de la quatrième journée de protestation, suivie d'une ouverture politique
Le 3, le Proden (Projet de développement national), organisation d'opposition créée en novembre 1982, qui regroupe des personnalités politiques de la droite modérée à la gauche non communiste, demande, pour la première fois ouvertement, la démission du général Pinochet.
Le 6, les dirigeants des cinq principales formations politiques allant de la droite à la gauche socialiste annoncent la création d'une Alliance démocratique dirigée par Gabriel Valdès, président de la Démocratie chrétienne. Ils demandent aussi la démission du général Pinochet et réclament la constitution d'un gouvernement de transition pour une période de dix-huit mois et l'élection d'une Assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution.
Le 10, Sergio Onofre Jarpa est nommé ministre de l'Intérieur et chef du gouvernement : c'est le premier homme politique d'importance à occuper des fonctions de premier plan dans le régime militaire. Ancien président du Parti national, il est très conservateur mais semble disposé à instaurer un dialogue avec l'opposition.
Le 11, a lieu la quatrième journée de protestation nationale depuis mai. Le général Pinochet a fait quadriller Santiago, la capitale, par dix-huit mille soldats et policiers et le couvre-feu est entré en vigueur à 18 h 30. Les forces de l'ordre n'hésitent pas à tirer : vingt-quatre personnes sont tuées, dont des enfants, et plus d'une centaine sont blessées.
Le 25, des représentants de l'Alliance démocratique sont reçus par Sergio Onofre Jarpa à qui ils présentent leurs revendications.
Dès le 26, une de leurs demandes est acceptée : l'état d'urgence, qui avait succédé en 1977 à l'état de siège imposé après le coup d'État militaire de 1973, est levé. Les manifestations de rue sont désormais autorisées tant qu'elles ne portent pas atteinte à la « paix intérieure » du pays.
Le 28, Jaime Castillo, vice-président du Parti démocrate-chrétien, revient d'exil. Il y a été autorisé, comme plusieurs centaines d'autres opposants, par les autorités qui tentent, en lâchant du lest, de faire baisser la tension politique et sociale.
Le 30, le général en retraite Carol Urzua, gouverneur de Santiago, est assassiné par un commando de cinq ou six hommes. Cependant, selon les autorités, cet attentat ne devrait pas remettre en cause l'ouverture politique engagée.