3-30 avril 1996
Europe. Polémique à propos de la crise de la « vache folle »
Le 3, les ministres de l'Agriculture de l'Union européenne, réunis à Luxembourg, adoptent un programme de lutte contre les risques d'extension de l'épidémie d'encéphalopathie spongiforme bovine (E.S.B.) qui sévit principalement en Grande-Bretagne, afin de restaurer la confiance des consommateurs après l'évocation, en mars, de la possible contamination de l'homme sous la forme de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. La Grande-Bretagne doit abattre, en cinq ans, tous les bovins âgés de plus de trente mois et éliminer leurs carcasses. Elle doit proposer, en outre, des mesures d'abattage des autres bêtes suspectes. L'indemnisation des éleveurs doit être couverte à 70 p. 100 par l'Union européenne, soit un coût estimé à environ 11 milliards de francs en tenant compte des frais d'abattage des veaux britanniques élevés à l'étranger et des mesures destinées à soutenir les cours de la viande. L'interdiction des exportations de produits bovins britanniques, décidée en mars, est maintenue. Londres rejette ce compromis et conteste la poursuite de l'embargo.
Le 4, le ministère français de l'Agriculture, suivant les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, annonce que les abats de bovins nés avant août 1991 seront retirés de la vente et que les 76 000 veaux d'origine britannique élevés en France seront abattus progressivement.
Le 5, le directeur national de la Santé confirme l'existence, en France, d'un cas suspect de maladie de Creutzfeldt-Jakob – le patient est mort en janvier – et annonce un renforcement des mesures de surveillance de cette maladie.
Le 11, le secrétaire d'État à la Recherche François d'Aubert annonce le doublement, avant 1997, des crédits de la recherche sur l'E.S.B. et la maladie de Creutzfeldt-Jakob.
Le 16, Londres annonce son intention de demander à la Cour de justice européenne la levée de l'embargo imposé aux exportations de produits bovins britanniques. Alimentée par l'exploitation électorale de cette affaire en Grande-Bretagne, la polémique s'envenime entre Londres et ses partenaires européens.
Les 29 et 30, le programme d'abattage présenté par Londres est étudié par les ministres de l'Agriculture des Quinze qui tentent d'apaiser le débat. Le représentant britannique Douglas Hogg avalise les conclusions des ministres qui prennent acte des mesures prises ou envisagées par la Grande-Bretagne et qui évoquent « le début d'un processus qui devrait permettre la levée prochaine de l'interdiction d'exportation, étape par étape ». La proposition britannique de n'abattre que 42 000 bovins à risques, en plus des animaux âgés de plus de trente mois, est toutefois jugée insuffisante.