3-30 décembre 1991
U.R.S.S.. Disparition de l'U.R.S.S. et démission de Mikhaïl Gorbatchev après la création de la C.E.I
Le 3, Mikhaïl Gorbatchev met en garde contre la « désintégration » qui menace le pays, insistant sur l'urgence de la signature du traité de l'Union.
Le 8, Boris Eltsine, Stanislas Chouchkevitch et Leonid Kravtchouk, présidents des républiques de Russie, de Biélorussie et d'Ukraine, se réunissent près de Minsk (Biélorussie) et « constatent » que l'Union soviétique « n'existe plus ». Ils signent un accord créant une Communauté d'États indépendants (C.E.I.), à laquelle d'autres républiques ex-soviétiques peuvent adhérer. Le lendemain, Mikhaïl Gorbatchev proteste contre cette décision et demande que l'accord de Minsk soit soumis à l'examen des députés de l'Union ou à un référendum. Mais, quelques jours plus tard, il semble résigné à sa défaite.
Le 13, les cinq républiques d'Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Kirghizstan et Tadjikistan) se rallient à l'idée de C.E.I.
Le 15, James Baker commence par Moscou une visite dans les quatre républiques nucléaires (Russie, Ukraine, Biélorussie et Kazakhstan) et au Kirghizstan. Les États-Unis souhaitent en effet obtenir des garanties sur le contrôle des armes nucléaires dans la future C.E.I. Après avoir rencontré, le 16, Boris Eltsine, qui le reçoit en compagnie du maréchal Evgueni Chapochnikov, ministre soviétique de la Défense, James Baker se déclare « rassuré » sur le commandement unique des armes nucléaires. Les quatre républiques concernées s'engagent également à réduire leur arsenal nucléaire au-delà des dispositions du traité S.T.A.R.T. signé par Mikhaïl Gorbatchev.
Le 19, Boris Eltsine signe plusieurs décrets par lesquels la Russie s'approprie le Kremlin, le ministère des Affaires étrangères et toutes les représentations diplomatiques soviétiques à travers le monde. Un vaste « ministère russe de la Sécurité et de l'Intérieur » est créé, qui prend le contrôle du K.G.B.
Le 21, à Alma-Ata (Kazakhstan), onze des ex-républiques soviétiques signent un accord entérinant la disparition de l'U.R.S.S. : à l'exception des trois États baltes et de la Géorgie, toutes adhèrent à la C.E.I. Si les frontières des républiques sont maintenues et si le rouble demeure monnaie commune, la citoyenneté commune disparaît et bien des divergences subsistent, aussi bien sur la question de l'armement que sur les garde-fous que certains des nouveaux États aimeraient opposer à l'appétit de la Russie, qui s'approprie le siège de l'U.R.S.S. au Conseil de sécurité des Nations unies.
Le 25, Mikhaïl Gorbatchev annonce sa démission dans une allocution télévisée. Dressant le bilan de son action depuis son élection comme secrétaire général du P.C.U.S. le 11 mars 1985, il déclare partir « avec inquiétude, mais aussi avec espoir ». À l'exception de Pékin, toutes les capitales rendent hommage au premier et dernier président soviétique, tandis qu'à Moscou le drapeau rouge est aussitôt remplacé sur les tours du Kremlin par le drapeau russe tricolore et que Boris Eltsine devient dépositaire du code nucléaire.
Le 30, à Minsk, la « première réunion de travail » des présidents de la C.E.I. se termine, après huit heures de débats à huis clos, par la conclusion d'accords sur le commandement unique des forces stratégiques et conventionnelles, confié au maréchal Chapochnikov, ex-ministre de la Défense soviétique. La portée de ces accords est limitée par l'imprécision concernant le sort des armes tactiques, mais surtout par la volonté exprimée par plusieurs républiques de créer leur propre armée.