3-31 janvier 2016
Syrie. Progrès militaires du régime et ouverture des négociations de Genève.
Le 3 est publiée sur Internet une vidéo de l’organisation État islamique (EI) mettant en scène des assassinats de prisonniers, dans laquelle un djihadiste à l’accent britannique menace le Royaume-Uni et son Premier ministre David Cameron de représailles après la décision prise par Londres, en décembre 2015, de participer aux bombardements de la coalition internationale contre l’EI en Syrie. Un précédent djihadiste britannique surnommé « Jihadi John », qui apparaissait dans plusieurs vidéos similaires de l’EI, avait été tué en Syrie en novembre 2015.
Le 11, à la suite d’une forte mobilisation internationale, un convoi humanitaire est autorisé à entrer dans la ville de Madaya, située entre Damas et la frontière libanaise, qui est assiégée par l’armée et le Hezbollah depuis l’été de 2015 et dont la population n’est plus ravitaillée depuis octobre. Damas impose qu’une aide humanitaire équivalente soit apportée à Kefraya et Foua, deux villes assiégées par des groupes djihadistes dans le nord-ouest du pays.
Le 12, l’armée aidée par l’aviation russe et le Hezbollah s’empare du bastion rebelle de Salma, dans la région de Lattaquié, fief du régime dans le nord-ouest du pays.
Le 14, un site gouvernemental russe publie le texte de l’accord sur l’intervention militaire russe signé par Moscou et Damas en août 2015. Justifié par « la défense de la souveraineté, de l’unité territoriale et de la sécurité », ainsi que par « la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme », l’accord conclu « pour une période illimitée » octroie de larges droits à la partie russe et garantit notamment l’« immunité complète » aux soldats russes.
Le 16, l’EI lance une vaste offensive contre Deir ez-Zor, ville stratégique située entre les territoires qu’il contrôle en Syrie et en Irak.
Le 25, l’armée aidée par l’aviation russe et les milices chiites pro-iraniennes s’empare de Cheikh Miskine, dans le sud du pays, carrefour stratégique jusque là contrôlé par les forces rebelles modérées du Front du Sud. Ces dernières déplorent la diminution des livraisons d’armes de la part des pays occidentaux et arabes alliés.
Le 29, les négociations sur la crise syrienne prévues par la résolution 2254 du Conseil de sécurité adoptée en décembre 2015 s’ouvrent à Genève sous la conduite de l’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura. Le Haut Comité des négociations, coordination de l’opposition politique et militaire formée à Riyad en décembre 2015 et dirigée par l’ancien Premier ministre Riad Hijab, décide de se rendre à Genève, mais de ne pas participer aux négociations tant que les mesures humanitaires prévues par la résolution 2254 ne seront pas appliquées : arrêt des bombardements des zones civiles, accès aux positions civiles assiégées, libération des prisonniers et libre acheminement de l’aide humanitaire.
Le 31, un triple attentat de l’EI près du sanctuaire chiite de Sayeda Zeinab, dans la banlieue de Damas, fait au moins soixante-dix morts.