3-31 janvier 2023
France. Forte mobilisation contre la réforme du système de retraite.
Le 3, la Première ministre Élisabeth Borne, interrogée au sujet de la réforme du système de retraite, déclare que le report de soixante-deux à soixante-cinq ans de l’âge légal de départ à la retraite, qui figurait dans le programme électoral du candidat Emmanuel Macron, ne constitue « pas un totem ». Elle affirme poursuivre les discussions avec les partenaires sociaux et les partis représentés au Parlement.
Le 10, la Première ministre présente à l’Assemblée nationale le contenu de la réforme des retraites destinée à ramener le système « à l’équilibre en 2030 ». Celle-ci prévoit un relèvement progressif de l’âge légal de départ en retraite de soixante-deux ans à soixante-trois ans et trois mois en 2027, puis à soixante-quatre ans en 2030. Elle étend l’exigence de cumuler quarante-trois ans de cotisation pour obtenir une pension à taux plein aux personnes nées à partir de 1965 – cette durée était jusque-là appliquée aux personnes nées à partir de 1973. Le texte comprend des mesures d’« accompagnement » relatives aux carrières longues, aux travailleurs frappés d’invalidité ou d’inaptitude, ainsi qu’aux situations de pénibilité. Les principaux régimes spéciaux sont supprimés, c’est-à-dire qu’ils ne s’appliqueront plus aux nouveaux embauchés. Élisabeth Borne précise que la réforme, qui doit entrer en vigueur en septembre 2023, sera portée par un projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale (PLFRSS). Cette réforme est rejetée par une quinzaine de députés de la majorité présidentielle et suscite les réserves d’une quinzaine d’élus des Républicains, ce qui pourrait forcer le gouvernement à recourir à l’article 49-3 de la Constitution qui permet l’adoption d’un texte sans vote. Opposées aux deux principales mesures du projet de réforme – report de l’âge de départ à la retraite et allongement de la durée de cotisation – et insatisfaites de la qualité du dialogue social, les huit centrales syndicales représentatives appellent à une journée de grève et de mobilisation interprofessionnelle le 19.
Le 19, un million cent vingt mille personnes d’après le ministère de l’Intérieur – plus de deux millions selon la CGT – manifestent contre la réforme du système de retraite dans les grandes villes, mais aussi dans de nombreuses villes moyennes. Cette mobilisation d’une ampleur exceptionnelle réunit des travailleurs du secteur public, où le taux de grévistes est important, comme du secteur privé. Les syndicats appellent à une nouvelle journée de mobilisation le 31.
Le 19 également, le président du Conseil d’orientation des retraites (COR) Pierre-Louis Bras, auditionné devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale, déclare que « les dépenses de retraites ne dérapent pas, elles sont relativement maîtrisées et, dans la plupart des hypothèses, elles diminuent plutôt à terme », en s’appuyant sur le dernier rapport annuel du COR.
Le 23, la publication d’un rapport gouvernemental sur les « objectifs » et les « effets » de la réforme, qui note un report moyen de l’âge de départ à la retraite plus important pour les femmes que pour les hommes, alimente les accusations portées par les oppositions contre un texte qui défavoriserait les femmes.
Le 31, la deuxième journée d’action contre la réforme des retraites mobilise un million deux cent soixante-douze mille manifestants à travers le pays selon le ministère de l’Intérieur – deux millions huit cent mille selon la CGT. Le taux de grévistes dans la fonction publique est en recul. L’intersyndicale appelle à deux nouvelles journées d’action, les 7 et 11 février.