3-31 mai 2006
Iran. Proposition américaine de participation aux négociations sur le dossier nucléaire
Le 3, la France et le Royaume-Uni, soutenus par les États-Unis et en concertation avec l'Allemagne, soumettent au Conseil de sécurité de l'O.N.U. un projet de résolution sur la crise iranienne. Le texte réitère l'exigence, déjà exprimée en mars, de suspension de toute activité d'enrichissement de l'uranium par l'Iran et envisage des sanctions diplomatiques et économiques. Cette résolution serait placée sous le chapitre vii de la Charte des Nations unies, qui autorise l'usage de la force. Le projet prévoit que le Conseil peut « envisager des mesures complémentaires [...] pour assurer le respect de cette résolution » en cas de refus de Téhéran, mais que celles-ci seraient soumises à de « nouvelles délibérations ». La Russie et la Chine demeurent réticentes face à ce projet.
Le 8, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad adresse une lettre à son homologue américain George W. Bush; Washington affirme que celle-ci est « largement philosophique » et ne contient pas de « proposition ».
Le 10, la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice annonce un changement de position sur le dossier iranien: sans renoncer à obtenir une résolution du Conseil de sécurité, Washington se résout à « attendre quelques semaines, le temps que les Européens préparent une offre aux Iraniens », offre qui pourra prévoir l'exploitation d'un programme nucléaire civil par Téhéran.
Le 15, les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Cinq s'accordent pour offrir à Téhéran une coopération dans le domaine du nucléaire civil en échange de son renoncement à ses activités d'enrichissement de l'uranium.
Le 15 également, les États-Unis annoncent la normalisation de leurs relations diplomatiques avec la Libye qui avait renoncé, en décembre 2003, à son programme nucléaire clandestin. Cette évolution est présentée comme un modèle pour l'Iran et la Corée du Nord.
Le 17, le président Ahmadinejad rejette la proposition européenne.
Le 29, dans un entretien accordé à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, le président Ahmadinejad conseille à l'Europe de se rallier à la cause de Téhéran plutôt que de s'aligner sur Washington, sous peine de perdre « tout rôle au Moyen-Orient et [sa] réputation dans d'autres régions du monde ».
Le 31, Condoleezza Rice crée la surprise en annonçant, dans une déclaration transmise à l'Iran, que les États-Unis sont prêts à se joindre aux « négociations » menées par les Européens si Téhéran consent à suspendre ses activités d'enrichissement. Cette décision rompt avec l'attitude traditionnelle américaine, observée depuis la crise des otages de l'ambassade américaine de Téhéran, en 1979.