3-31 mai 2020
France. Début du déconfinement
Le 3, plus de trois cent trente maires de communes d’Île-de-France demandent au président Emmanuel Macron le report de la rentrée des écoles primaires prévue pour le 11 dans le cadre du déconfinement. Ils reprochent au gouvernement de leur déléguer la responsabilité « juridique, politique et morale » de la réouverture des classes et critiquent l’absence de moyens supplémentaires.
Le 4, le Sénat rejette, par 89 voix contre 81 et 174 abstentions, le plan de déconfinement du gouvernement approuvé par l’Assemblée nationale fin avril. L’avis du Parlement sur ce texte est consultatif.
Le 6, Emmanuel Macron, lors d’une visioconférence avec des personnalités du monde du spectacle, annonce la prolongation jusqu’au 31 août 2021 du droit à l’assurance-chômage des intermittents.
Le 9, le Parlement adopte définitivement le projet de loi validé par le Conseil des ministres le 2, qui prolonge l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 10 juillet.
Le 11 débute la période de déconfinement progressif dont les modalités ont été présentées par le Premier ministre Édouard Philippe le 7. L’attestation de déplacement n’est plus nécessaire, sauf à Mayotte où le confinement se poursuit. Les déplacements sont autorisés dans un rayon de cent kilomètres autour du domicile. Les rassemblements sont permis dans la limite de dix personnes. Les classes des écoles primaires accueillent de nouveau les élèves prioritaires, sur la base du volontariat. Les commerces non essentiels rouvrent. Les activités ne pouvant pas être exercées en télétravail reprennent. Le port du masque est obligatoire dans les transports en commun qui, aux heures de pointe, sont réservés aux personnes disposant d’une attestation de leur employeur et aux personnes ayant un motif impérieux. Les parcs et jardins rouvrent, sauf dans les départements d’Île-de-France, du Grand Est, de Bourgogne-Franche-Comté et de Mayotte qui restent classés « rouges » – c’est-à-dire que le virus y circule encore activement et que les services hospitaliers y sont encore très sollicités.
Le 13, le directeur général du laboratoire pharmaceutique français Sanofi, le Britannique Paul Hudson, déclare que les États-Unis seront « prioritaires » dans la livraison d’un futur vaccin contre la Covid-19 « parce qu’ils ont pris un risque pour financer ces recherches avant les autres ». Cette position est jugée « inacceptable » par l’Élysée qui défend à la fois les notions de souveraineté économique et de « bien commun » de la santé. Le 14, le président de Sanofi, Serge Weinberg, démentira les propos tenus par Paul Hudson.
Le 13 également, les « brigades » d’agents de l’assurance-maladie entament les opérations de traçage des personnes infectées par le SARS-CoV-2 et celles ayant été en contact avec elles, afin d’identifier les chaînes de contamination. Le nombre de cas traités se révélera moindre que prévu.
Le 14, Édouard Philippe annonce un plan de soutien au secteur du tourisme d’un montant de 18 milliards d’euros, qui intègre les aides d’urgence déjà débloquées.
Le 14 également, de nombreuses et diverses personnalités de la gauche et de l’écologie politique et associative – à l’exception des responsables de La France insoumise – signent un manifeste intitulé « L’initiative commune ». Ils appellent à « tourner la page du productivisme » et à promouvoir une transition écologique et sociale à la faveur de la sortie de la crise sanitaire.
Le 15, Emmanuel Macron annonce le lancement d’un « Ségur de la santé » – du nom de l’avenue où se situe le ministère de la Santé –, admettant une « erreur » dans la stratégie de réforme du système mise en place depuis son arrivée au pouvoir. Destinée à refonder le système de santé d’ici à la mi-juillet, cette grande concertation sera lancée le 25 sous la direction de l’ancienne secrétaire générale de la CFDT Nicole Notat.
Le 18, les collégiens prioritaires des classes de sixième et de cinquième reprennent les cours dans les départements « verts ».
Le 18 également, le Conseil d’État, saisi par des organisations catholiques traditionalistes, juge « disproportionné » le maintien de l’interdiction des célébrations religieuses en période de déconfinement, qu’il assimile à une « atteinte grave et manifestement illégale » à la liberté de culte.
Le 18 toujours, le Conseil d’État ordonne à l’État de cesser les opérations de surveillance du déconfinement par drones, invoquant un risque d’« usage [des images enregistrées] contraire aux règles de protection des données personnelles », en l’absence de texte réglementaire encadrant ces opérations.
Le 22, Édouard Philippe annonce que le second tour des élections municipales se tiendra le 28 juin, sous réserve de l’évolution de la situation sanitaire. Les conditions de la campagne électorale doivent être adaptées et les procédures de procuration assouplies.
Le 25, le gouvernement annonce la réduction, à compter du 1er juin, de la prise en charge du chômage partiel par l’État, décidée en mars. Les entreprises qui ont recours à cette procédure ne seront plus indemnisées qu’à 85 p. 100. La situation des salariés reste inchangée. Cette réduction ne s’applique pas aux secteurs frappés par des restrictions administratives, comme le tourisme ou la restauration.
Le 26, Emmanuel Macron présente un plan d’aide au secteur automobile de 8 milliards d’euros, dont 5 milliards de garantie de prêts octroyée au constructeur Renault.
Le 26 également, la Cour de cassation juge contraire à la Convention européenne des droits de l’homme la disposition de la loi d’urgence sanitaire adoptée en mars, qui permet la prolongation de plein droit des durées de détention provisoire, sans intervention du juge.
Le 26 toujours, vingt organisations fédérées par la CGT, Attac et Greenpeace France présentent un « plan de sortie de crise » qui propose une « reconversion sociale et écologique » radicale. L’initiative est soutenue par l’ensemble des partis de gauche et écologistes, à l’exception de La France insoumise et du Nouveau Parti anticapitaliste.
Le 27, sur avis du Haut Conseil de la santé publique, le ministère de la Santé annule le décret qui autorisait, en contexte hospitalier, l’usage de l’hydroxychloroquine dans le traitement de la Covid-19. Cet usage était notamment défendu par le microbiologiste Didier Raoult. Cette décision fait suite à la publication, le 22, dans la revue The Lancet, d’une étude montrant la dangerosité potentielle de l’hydroxychloroquine. Cette étude sera contestée.
Le 27 également, le Parlement approuve la mise en œuvre de l’application pour smartphone StopCovid, un outil de traçage numérique qui permet d’alerter les personnes ayant été en contact avec une personne atteinte de la Covid-19. La veille, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) avait rendu un avis favorable à cette application.
Le 28, Édouard Philippe présente l’acte II du déconfinement qui doit entrer en vigueur le 2 juin. Il annonce que l’épidémie semble « à ce stade sous contrôle ». Tous les départements sont désormais classés en « zone verte » à l’exception de ceux de l’Île-de-France, de Mayotte et de la Guyane qui demeurent classés en « zone orange ». Le Premier ministre annonce la fin des restrictions de déplacement, la réouverture des cafés et restaurants – mais seulement en terrasse dans les zones orange –, ainsi que des musées et des parcs et jardins. La réouverture des écoles, collèges et lycées doit se poursuivre. Les théâtres, salles de spectacle et campings rouvriront en zone verte – le 22 juin seulement en zone orange. Les cinémas rouvriront le 22 juin. L’oral du baccalauréat de français est annulé.
Le 28 également, Pôle Emploi indique une augmentation de 22,6 p. 100 du nombre de demandeurs d’emploi entre mars en avril, contre 7,1 p. 100 entre février et mars. Le nombre des chômeurs de catégorie A (sans aucune activité) s’élève à quatre millions cinq cent soixante-quinze mille.
Le 29, Édouard Philippe annonce un plan de 4,5 milliards d’euros destiné à compenser les pertes de revenus enregistrées par les collectivités locales.
Le 31, le nombre de morts de la Covid-19 atteint vingt-huit mille huit cents.