3-31 mars 2006
Israël - Autorité palestinienne. Élections en Israël et désignation du gouvernement palestinien
Le 3, une délégation du Hamas se rend à Moscou à l'invitation du président Vladimir Poutine. Rappelant la position du quartet (États-Unis, Russie, O.N.U., Union européenne), le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, demande aux vainqueurs des élections législatives palestiniennes de janvier de respecter les accords passés, notamment celui d'Oslo qui inclut la reconnaissance d'Israël et la renonciation à la violence. Le Hamas continue de lier sa position à l'égard d'Israël à celle du gouvernement israélien concernant les revendications palestiniennes.
Le 9, présentant son programme de gouvernement en cas de victoire aux élections législatives prévues le 28, le Premier ministre par intérim Ehoud Olmert s'engage à fixer les « frontières permanentes d'Israël d'ici à 2010 », en accord avec l'Autorité palestinienne ou de façon unilatérale.
Le 14, l'armée israélienne donne l'assaut à la prison de Jéricho, en Cisjordanie, où sont détenus six Palestiniens impliqués dans l'assassinat du ministre israélien du Tourisme Rehavam Zeevi, en octobre 2001, ainsi que dans un trafic d'armes. L'opération est rendue possible par le retrait des observateurs américains et britanniques qui contrôlaient la prison. Au terme de plusieurs heures de combats qui font deux morts palestiniens, Tsahal s'empare des prisonniers, notamment d'Ahmad Saadat, secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine, et de Fouad Choubaki, un ancien conseiller de Yasser Arafat. En guise de représailles, des Palestiniens s'en prennent notamment au centre culturel britannique. Dix ressortissants étrangers sont enlevés, pour la plupart relâchés rapidement.
Le 19, le Premier ministre palestinien désigné, Ismaïl Haniyeh, présente au président de l'Autorité, Mahmoud Abbas, son gouvernement – auquel le Fatah a refusé de participer – ainsi que son programme.
Le 28, Kadima, le parti d'Ehoud Olmert fondé en novembre 2005 par Ariel Sharon, arrive en tête aux élections législatives anticipées, avec 22 p. 100 des suffrages et 29 sièges sur 120. Le Parti travailliste d'Amir Péretz remporte 15,1 p. 100 des voix et compte 19 élus (– 2 par rapport au Parlement sortant). Le Likoud de Benyamin Nétanyahou, 9 p. 100 des suffrages et 12 députés (– 15), est devancé par la formation orthodoxe séfarade du Shass, qui obtient 9,5 p. 100 des suffrages et 12 élus (+ 1). Le parti russophone Israël Beiteinou (9 p. 100 des suffrages et 11 députés [+ 8]), les ultranationalistes du Parti national religieux (7,1 p. 100 des suffrages et 9 élus [– 1]), le nouveau Parti des retraités (7 élus), les ultraorthodoxes du Judaïsme unifié de la Torah (6 élus [+ 1]), la formation de gauche Meretz (5 élus [– 1)) et les trois listes arabes (10 élus [+ 2]) complètent des résultats marqués par le recul du camp nationaliste. Le taux de participation est de 63,2 p. 100. Ehoud Olmert déclare à l'attention de Mahmoud Abbas: « nous sommes prêts à des compromis » territoriaux et à « évacuer » des juifs vivant en Cisjordanie, « afin de créer les conditions qui vous permettront d'atteindre votre rêve et de vivre côte à côte ». Mais il précise que, en l'absence d'accord avec les Palestiniens, « Israël prendra son destin en main ».
Le 28 également, le Conseil palestinien investit le gouvernement d'Ismaïl Haniyeh.
Le 30, quatre Israéliens sont tués dans un attentat-suicide commis près de la colonie de Kedoumim, en Cisjordanie, et revendiqué par les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, issues du Fatah.
Le 31, à Gaza, des affrontements meurtriers opposent des membres de la Sécurité préventive, le service antiterroriste palestinien, aux mains du Fatah, à des militants des Comités des résistances populaires, issus du Hamas.