31 août-19 septembre 1983
Corée du Sud - U.R.S.S.. Destruction d'un Boeing sud-coréen par la chasse soviétique
Le 31 août, un Boeing 747 des Korean Air Lines (K.A.L.), qui s'était écarté de sa route alors qu'il effectuait la liaison New York-Séoul via Anchorage, disparaît après avoir survolé l'île Sakhaline. La Corée du Sud estime que l'avion, qui transportait 269 personnes, a été abattu par un pays étranger. L'indignation est générale dans le monde, tandis que l'U.R.S.S. garde le silence.
Le 1er septembre, les États-Unis demandent la réunion du Conseil de sécurité de l'O.N.U.
Le 2, l'U.R.S.S. admet que les chasseurs soviétiques ont tiré en direction de l'appareil sans l'atteindre. En revanche, elle accuse les services de renseignements américains d'avoir utilisé le Boeing pour une mission d'espionnage.
Le 4, les États-Unis conviennent qu'un avion de reconnaissance RC-135 se trouvait dans les parages et que l'U.R.S.S. aurait pu confondre les deux appareils.
Le 5, sans qu'aucune explication ne soit donnée, le Quai d'Orsay reporte de quelques jours la visite à Paris d'Andreï Gromyko. Le même jour, le président Ronald Reagan annonce des sanctions limitées contre l'U.R.S.S., souhaitant que son exemple soit suivi par ses alliés.
Le 6, l'U.R.S.S. reconnaît que ses chasseurs ont bien abattu le Boeing, mais qu'ils ignoraient qu'il s'agissait d'un avion civil. Cette version est contredite par la diffusion, aux États-Unis et au Japon, de la bande d'enregistrement des communications entre les chasseurs soviétiques et leur base au sol.
Le 7, à Madrid, où il participe à la session finale de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (C.S.C.E.), Andreï Gromyko confirme que la destruction de l'avion coréen résulte d'un ordre et que « le territoire et les frontières de l'U.R.S.S. sont sacrés ».
Le 9, le maréchal Nicolas Ogarkov, chef d'état-major de l'armée soviétique, donne à Moscou une conférence de presse. Il précise que « les intercepteurs soviétiques ont exécuté l'ordre d'arrêter l'avion avec leurs missiles ». Le même jour, Andreï Gromyko, de passage à Paris, s'entretient avec François Mitterrand, dans un climat glacial.
Le 12, l'U.R.S.S. fait usage de son droit de veto pour empêcher l'adoption, par le Conseil de sécurité de l'O.N.U., du projet occidental de résolution « déplorant profondément » l'incident. De leur côté, les pilotes de ligne de plusieurs pays commencent à appliquer un boycottage des liaisons avec l'U.R.S.S. Air France maintient sa liaison Paris-Moscou.
Le 15 s'ouvre, à Montréal, la réunion extraordinaire du conseil de l'Organisation de l'aviation civile internationale (O.A.C.I.). Malgré l'opposition de l'U.R.S.S., l'ouverture d'une enquête est décidée.
Le 19, un article de la Pravda affirme que le vol du Boeing de la K.A.L. était coordonné avec celui d'un satellite-espion américain, à des fins de renseignement.