4-11 mai 1994
Espagne. Le gouvernement socialiste secoué par les scandales
Le 4, le ministre de l'Agriculture Vicente Albero, que la presse avait accusé de fraude fiscale, démissionne. Le 30 avril, le ministre de l'Intérieur Antoni Asuncion avait fait de même, entendant assumer la responsabilité politique de la fuite de Luis Roldan, directeur de la Guardia Civil de 1986 à 1993 et proche du Parti socialiste ouvrier espagnol, accusé de détournement de fonds publics, de fraude fiscale et de falsification de diplômes universitaires, et contre lequel un mandat d'arrêt avait été lancé le 29 avril.
Le 4 également, Mariano Rubio, gouverneur de la Banque d'Espagne de 1984 à 1992, est arrêté et emprisonné. Il est accusé de falsification de documents et de fraude fiscale. Il sera libéré sous caution le 19. Ces scandales discréditent le gouvernement socialiste de Felipe González qui a déjà été éclaboussé par diverses affaires, et fragilisent le soutien des Partis nationalistes basque et catalan qui lui permettent de disposer d'une majorité aux Cortes. Le président du Parti populaire José Maria Aznar, chef de l'opposition, réclame la démission du gouvernement sans pouvoir déposer de motion de censure, faute de disposer d'une majorité alternative.
Le 5, lors d'une conférence de presse, Felipe González se déclare « honteux [...] d'une situation qui a détérioré son image personnelle et la crédibilité de son équipe », mais annonce qu'il compte achever son mandat. Le même jour, le président du groupe parlementaire socialiste, Carlos Solchaga, ancien ministre de l'Économie et donc concerné par le scandale Rubio, démissionne. Le lendemain, c'est au tour de Baltasar Garzon, numéro deux du ministère de l'Intérieur, de quitter ses fonctions en raison de l'insuffisance de la lutte contre la corruption dans le pays.
Le 11, sommé de s'expliquer devant le Congrès des députés, Felipe González affirme que « les responsabilités politiques ont été assumées » par les démissions intervenues au sein du gouvernement.