4-18 septembre 2018
Allemagne. L’immigration au centre du jeu politique
Le 4, Sahra Wagenknecht, coprésidente du groupe Die Linke (« La Gauche ») au Bundestag, lance le mouvement Aufstehen (« Debout ») qui prône une immigration contrôlée et s’oppose à l’ouverture des frontières défendue par la chancelière Angela Merkel en 2015, ainsi qu’à la « naïveté » du reste de la gauche sur le sujet. Cette initiative intervient alors que l’audience du parti anti-immigration Alternative pour l’Allemagne (AfD, extrême droite) progresse dans le pays.
Le 6, le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer (Union chrétienne-sociale, CSU) déclare dans un entretien à la presse que s’il n’avait pas été ministre, il serait « descendu dans la rue en tant que citoyen » à Chemnitz (Saxe), en août, pour participer à la manifestation organisée notamment par l’AfD à la suite du meurtre de l’Allemand Daniel Hillig, dont les auteurs présumés sont des demandeurs d’asile. Horst Seehofer affirme que « la question migratoire est la mère de tous les problèmes politiques du pays ». Dénoncé par le Parti social-démocrate (PSD) membre de la coalition gouvernementale, Horst Seehofer est également démenti par Angela Merkel qui estime plutôt que « la question migratoire nous pose des défis ».
Le 9, l’annonce d’un autre meurtre impliquant des immigrés, survenu la veille à Köthen (Saxe-Anhalt), mobilise les formations d’extrême droite qui réunissent deux mille cinq cents manifestants dans cette ville, en dépit de la diffusion d’un communiqué de la police indiquant que la victime est décédée d’un arrêt cardiaque sans rapport avec ses blessures.
Le 18, le gouvernement annonce le limogeage de Hans-Georg Maassen, président de l’Office fédéral de protection de la Constitution, le service chargé du renseignement intérieur, et sa nomination au poste de secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur. Provoquant une polémique, Hans-Georg Maassen avait exprimé des doutes, le 7, dans un entretien au quotidien Bild, sur la réalité des « chasses à l’homme » qui avaient suivi le meurtre de Daniel Hillig à Chemnitz en août. Le PSD réclamait son départ, alors que Horst Seehofer le soutenait.
Le 18 également, le parquet de Chemnitz annonce la remise en liberté d’une des deux personnes suspectées du meurtre de Daniel Hillig.
Le 23, la promotion de Hans-Georg Maassen au rang de secrétaire d’État est annulée. Celui-ci devient simple conseiller au sein du ministère de l’Intérieur. Le 5 novembre, il sera mis à la retraite d’office après avoir dénoncé la présence de « forces de gauche radicale » au sein du SPD.