4-19 avril 2017
Syrie. Frappe américaine en riposte à une attaque à l’arme chimique
Le 4, une attaque aérienne à l’arme chimique contre la localité de Khan Cheikhoun, dans la province d’Idlib, cause la mort d’au moins quatre-vingt-sept civils. Mis en cause par les grands pays occidentaux, le régime de Damas nie toute responsabilité. En mars, les djihadistes du Front Fatah al-Cham lié à Al-Qaida ont engagé, depuis cette ville, une offensive contre la capitale provinciale de Hama. En août 2013, l’attaque au gaz sarin de la région de la Ghouta, dans la banlieue de Damas, par l’aviation du régime, avait fait des centaines de victimes. Un processus de démantèlement de son arsenal chimique sous supervision de l’ONU avait alors été imposé au régime syrien.
Le 5, devant le Conseil de sécurité de l’ONU réuni en urgence, les États-Unis dénoncent l’incapacité de la Russie à contrôler son allié syrien et menacent Damas d’une action unilatérale. Selon Moscou, les émanations toxiques provenaient d’un dépôt bombardé par l’aviation syrienne, dans lequel les rebelles auraient entreposé des armes chimiques. Le président Donald Trump déclare que l’attaque a eu « un grand impact » sur lui et affirme que son « attitude envers la Syrie et Assad a beaucoup changé ». Il déplore le renoncement de son prédécesseur Barack Obama à riposter aux attaques à l’arme chimique de 2013 ‒ position qu’il avait alors pourtant partagée.
Le 6, les États-Unis lancent une attaque contre la base aérienne de Shayrat, proche de Homs, de laquelle, selon eux, seraient partis les avions qui ont bombardé Khan Cheikhoun. Cinquante-neuf missiles Tomahawk sont tirés depuis des navires américains positionnés en Méditerranée. Il s’agit d’un revirement pour l’administration Trump qui donnait jusque-là la priorité à la lutte contre l’organisation État islamique plutôt qu’à celle contre le régime de Bachar al-Assad.
Le 7, tandis que la plupart des capitales occidentales approuvent la frappe américaine, Moscou dénonce « une agression contre un État souverain en violation des normes du droit international et sous un faux prétexte » qui « cause un préjudice considérable aux relations russo-américaines ».
Le 12, Moscou oppose son veto au projet de résolution présenté par Washington, Londres et Paris, qui exigeait la collaboration du gouvernement syrien à l’enquête sur l’attaque contre Khan Cheikhoun. La Russie réclame une enquête « transparente » menée sur place à l’aide d’« experts indépendants ».
Le 19, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques indique que les premières analyses effectuées sur des victimes prouvent de façon « irréfutable » l’emploi de gaz sarin dans l’attaque de Khan Cheikhoun, ce qui relance les soupçons sur le stock d’armes chimiques conservé par Damas.