4-23 février 2022
Canada. Fin du mouvement des camionneurs.
Le 4, la plateforme de financement participatif GoFundMe annonce sa décision de rembourser aux donateurs les quelque 10 millions de dollars canadiens (7 millions d’euros environ) collectés en faveur du « convoi de la liberté », estimant que « la manifestation auparavant pacifique est devenue une occupation, avec des rapports de police faisant état de violences et d’autres activités illégales ». Les camionneurs hostiles aux restrictions sanitaires à l’origine de cette manifestation occupent le centre-ville d’Ottawa depuis fin janvier. Un premier million de dollars canadiens leur avait été remis quelques jours auparavant. Et d’autres campagnes de financement participatif rapidement mises en place avaient rassemblé en quelques jours une somme encore plus importante. Les fonds collectés proviennent majoritairement des États-Unis.
Le 6, le maire d’Ottawa Jim Watson décrète l’état d’urgence dans la capitale, justifié par le « grave danger ainsi que la menace à la sûreté et la sécurité des résidents posés par les manifestations continues » des camionneurs. Dans le même temps, le mouvement de protestation s’étend à d’autres villes du pays.
Le 7, les camionneurs bloquent le pont Ambassador reliant Windsor (Ontario) à Detroit (Michigan), par lequel transite le quart des échanges commerciaux routiers entre le Canada et les États-Unis. Ce blocage paralyse l’industrie automobile de part et d’autre de la frontière. Les camionneurs perturbent également la circulation autour d’autres postes-frontières.
Le 8, le député fédéral du Parti libéral Joël Lightbound critique les mesures sanitaires imposées par le gouvernement qu’il accuse d’avoir politisé la pandémie. Il démissionne de son poste de président du caucus du Québec.
Le 10, la cheffe par intérim du Parti conservateur, Candice Bergen, qui a initialement soutenu les manifestants, les appelle à quitter la capitale, tout en continuant de réclamer au gouvernement la levée des restrictions. Ce revirement du principal parti d’opposition n’est pas soutenu par l’ensemble de ses élus.
Le 10 également, Washington demande à Ottawa d’employer les « pouvoirs fédéraux » pour mettre fin au blocage de la frontière.
Le 11, le Premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, décrète l’état d’urgence. De son côté, la Cour supérieure de l’Ontario ordonne aux manifestants d’évacuer le pont, à la demande de la ville de Windsor et des représentants de l’industrie automobile.
Le 13, la police de Windsor libère les accès au pont Ambassador.
Le 14, Justin Trudeau décide d’activer pour une durée de trente jours la loi sur les mesures d’urgence, pour la première fois depuis que celle-ci a remplacé, en juillet 1988, la loi sur les mesures de guerre. Le décret est publié le lendemain et justifié par la crainte de violences, le risque pour l’économie et la menace de la détérioration des liens avec les États-Unis. Cette législation octroie des pouvoirs d’intervention supplémentaires aux forces de l’ordre et permet de forcer les entreprises de remorquage à déplacer les camions, de geler les comptes bancaires des personnes ou des entités impliquées dans les blocages, ou encore de renforcer le contrôle de l’activité des plateformes de financement participatif.
Le 15, le chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly, annonce sa démission. Il était l’objet de critiques pour sa gestion de l’occupation par les manifestants de la colline du Parlement, à Ottawa.
Le 16, la police d’Ottawa ordonne aux manifestants de lever le blocage du centre-ville. À partir du lendemain, elle procède au remorquage de camions et à l’arrestation de manifestants, parmi lesquels Tamara Lich, l’une des meneuses du mouvement.
Le 19, les organisateurs du « convoi de la liberté » recommandent aux manifestants de quitter la colline du Parlement.
Le 20, la police déclare avoir repris le contrôle du centre-ville de la capitale. Elle annonce avoir procédé à l’arrestation de cent quatre-vingt-onze manifestants et remorqué soixante-dix-neuf véhicules. Trois cent quatre-vingt-neuf personnes sont visées par des accusations judiciaires, qui sont de nature criminelle pour cent trois d’entre elles.
Le 23, Justin Trudeau met fin à l’application de la loi sur les mesures d’urgence que la Chambre des communes avait approuvée le 21 – le Sénat annule le vote à son sujet. L’Ontario met également fin à l’état d’urgence.