4-24 décembre 2011
Russie. Victoire contestée de Russie unie aux élections législatives
Le 4, le parti Russie unie du Premier ministre Vladimir Poutine remporte les élections législatives avec 50,1 p. 100 des suffrages et 238 sièges sur 450, perdant 15 points par rapport au scrutin précédent. Arrivé en deuxième position, le Parti communiste de Guennadi Ziouganov gagne en audience, avec 19,5 p. 100 des voix et 92 élus. Le parti social-démocrate Russie juste de Sergueï Mironov progresse également, avec 13,4 p. 100 des suffrages et 64 députés, tout comme les ultranationalistes du Parti libéral-démocrate de Vladimir Jirinovski – 11,8 p.100 des voix et 56 élus. Le taux de participation est de 60,1 p. 100. Après une campagne très déséquilibrée au profit de Russie unie, marquée par de nombreuses tentatives d'intimidation des candidats d'opposition et par des cyberattaques contre certains sites d'information, le scrutin est entaché de nombreuses fraudes.
Le 5, quelque cinq mille personnes défilent à Moscou en réponse à un appel à manifester émis sur les réseaux sociaux pour protester contre les fraudes électorales et réclamer le départ de l'homme fort du pays aux cris de « Poutine voleur! ». Les manifestations continuent les jours suivants dans le pays.
Le 5 également, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton dénonce les irrégularités du scrutin relevées par les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.
Le 7, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé se dit « préoccupé » par les arrestations d'opposants et demande à Moscou de « respecter ses engagements démocratiques ».
Le 8, Vladimir Poutine accuse les États-Unis d'avoir donné le « signal » de la contestation aux manifestants russes.
Le 10, environ cinquante mille personnes, aux convictions très diverses, mais majoritairement jeunes, manifestent à Moscou, sous haute surveillance policière, pour dénoncer les fraudes électorales. Des milliers de manifestants défilent également à Saint-Pétersbourg et dans d'autres grandes villes. Il s'agit des plus importants rassemblements populaires dans le pays depuis la fin de l'U.R.S.S.
Le 15, lors d'une émission télévisée, Vladimir Poutine exclut d'organiser de nouvelles élections, se félicite de la possibilité donnée aux opposants de s'exprimer et dénonce une tentative de « déstabilisation » venue de l'étranger.
Les 17 et 18, des milliers de personnes dans tout le pays – bien moins nombreuses que le 10 – répondent à l'appel à manifester du parti libéral Iabloko et du Parti communiste.
Le 22, Dmitri Medvedev présente devant la Douma une réforme du système de représentation politique, annonçant le retour à l'élection au suffrage universel direct des dirigeants des sujets de la Fédération, l'assouplissement des conditions d'enregistrement des partis politiques et de candidature aux élections, et suggère que l'élection de la moitié des députés se fasse à la proportionnelle.
Le 24, de soixante-dix mille à cent mille personnes manifestent à Moscou contre Vladimir Poutine, acclamant le blogueur Alexeï Navalny, un jeune avocat militant anticorruption, plutôt que les dirigeants traditionnels de l'opposition politique.