4-25 avril 1984
Nicaragua. Condamnation à l'O.N.U. du minage des ports nicaraguayens et renforcement de l'offensive antisandiniste
Le 4, le Conseil de sécurité des Nations unies vote sur une résolution présentée par le Nicaragua et condamnant le minage des ports de ce pays. Ce texte recueille treize voix et une abstention, la Grande-Bretagne, mais les États-Unis opposent leur veto. Depuis le début de mars, plusieurs navires étrangers et bateaux nicaraguayens ont été endommagés par ces opérations de sabotage qui ne peuvent avoir été effectuées que par des équipes très spécialisées ; en outre, le minage est un obstacle pour les exportations de café, de coton, de sucre et de viande dont dépend l'économie du Nicaragua ainsi que pour les importations de produits de consommation, de véhicules et de pétrole.
Le 6, le Wall Street Journal met en cause le gouvernement Reagan. Il révèle que les unités qui posaient les mines opéraient à partir d'un navire contrôlé par la C.I.A. Ces révélations suscitent une vive réprobation sur la scène internationale, même de la part des plus proches alliés de Washington, ainsi qu'au Congrès : le Sénat, où les républicains (parti de Ronald Reagan) sont majoritaires, vote, le 10, par 84 voix contre 12, une résolution non contraignante demandant la cessation de ces opérations. Les représentants votent à leur tour, le 12, une résolution dans le même sens.
Le 11, de hauts responsables du gouvernement américain font savoir que la C.I.A. a interrompu, avant même les votes du Congrès, le minage des ports nicaraguayens et qu'elle n'a pas l'intention de les reprendre.
Le 12, l'état-major nicaraguayen reconnaît qu'une offensive « de grande ampleur » a été lancée par les antisandinistes au nord comme au sud et à l'ouest du pays. Ils affirment que 8 000 guérilleros participent aux opérations et qu'environ 5 000 d'entre eux sont « pratiquement installés en permanence à l'intérieur du territoire nicaraguayen ».
Le 13, les troupes de l'Alliance révolutionnaire démocratique, mouvement de Eden Pastora, réussissent à occuper San-Juan-del-Norte, petite localité du Sud proche de la frontière avec le Costa Rica.
Le 17, l'armée nicaraguayenne reprend le contrôle de San-Juan-del-Norte après une violente offensive.
Le 25, le Nicaragua présente devant la Cour internationale de justice de La Haye la plainte qu'il a déposée le 9 afin d'obtenir une condamnation des États-Unis pour l'aide qu'ils apportent aux rebelles antisandinistes. Mais Washington a auparavant annoncé qu'il refusait temporairement de se soumettre à la juridiction du tribunal des Nations unies. Le gouvernement américain ne pourrait en effet se défendre puisqu'il refuse de discuter publiquement des opérations de la C.I.A.