4-25 octobre 1989
France. Conflits sociaux dans les prisons, chez Peugeot et aux Finances
Le 4, le syndicat F.O. des personnels pénitentiaires (majoritaire) appelle à la reprise du travail les surveillants de prison qui avaient entamé, le 27 septembre, leur troisième mouvement revendicatif en un an. Alors que l'action touchait le tiers des établissements pénitentiaires et avait entraîné la mobilisation de la gendarmerie et de la police pour remplir les missions de sécurité, ainsi que celle de l'armée pour assurer l'intendance, la chancellerie avait annoncé des dizaines de révocations d'agents grévistes, car, légalement, les gardiens n'ont pas le droit de grève.
Le 5, Francis Blanchard, ancien directeur général du Bureau international du travail, est chargé d'une mission de conciliation afin de tenter de mettre un terme au conflit chez Peugeot, déclenché un mois plus tôt à l'usine de Mulhouse par la C.G.T., suivie de la C.F.D.T. et de F.O. Le mouvement, qui a rapidement gagné l'usine de Sochaux, porte sur des revendications salariales exacerbées par l'intransigeance de Jacques Calvet, P.-D.G. de P.S.A., qui se refuse obstinément à négocier, et par la publication, le 27 septembre, par Le Canard enchaîné, des feuilles d'imposition de ce dernier, montrant que son salaire, trente fois plus élevé que celui d'un ouvrier, s'est accru de 45,9 p. 100 entre 1986 et 1989, période pendant laquelle il prônait la rigueur salariale.
Le 11, le gouvernement annonce l'ouverture, dès décembre, de négociations sur la rénovation de la grille des salaires dans la fonction publique.
Le 12, à l'exception de la C.G.T., les syndicats réagissent favorablement à cette proposition. Pourtant, les milliers d'agents du ministère des Finances en grève, certains depuis juin, poursuivent leur mouvement pour réclamer des augmentations de salaires et d'effectifs, ainsi que de meilleures conditions de travail. Les effets de ce conflit commencent à se faire sentir, non seulement sur les rentrées fiscales de l'État (T.V.A. surtout), mais aussi dans les douanes et les transactions immobilières, qui sont de plus en plus perturbées.
Le 13, les grévistes de l'usine Peugeot de Mulhouse acceptent d'évacuer la forge qu'ils occupaient depuis le 27 septembre, tandis que s'ouvrent, à Paris, des négociations entre la direction et les syndicats.
Le 16, en décidant d'annuler les révocations des surveillants grévistes, Pierre Arpaillange, garde des Sceaux, tente de calmer la tension dans les prisons.
Le 20, les négociations entamées entre les syndicats des agents des Finances et Pierre Bérégovoy se soldent par un échec. La proposition d'une prime mensuelle de 315 francs est jugée insuffisante par les syndicats, alors que le ministre des Finances estime avoir été « au-delà du possible ».
Le 23, à Mulhouse, puis le lendemain à Sochaux, le travail reprend aux usines Peugeot, bien que les concessions salariales accordées par la direction soient bien inférieures à ce que les syndicats revendiquaient.
Le 25, un décret instituant une « prime de croissance » de 1 200 francs pour les fonctionnaires est approuvé par le Conseil des ministres, alors qu'une nette tendance à la reprise du travail se dessine parmi les agents des Finances.