4-26 février 1981
Pologne. Persistance des tensions sociales et remplacement du chef de gouvernement
Le 4, la tension s'aggrave à nouveau en Pologne à la suite de la rupture des négociations entre une délégation gouvernementale et les grévistes de la région de Bielsko-Biala, dans le sud du pays, qui réclament la révocation d'une vingtaine de directeurs d'entreprise et de fonctionnaires qu'ils accusent de corruption. Lech Wałesa, leader du syndicat Solidarité, lance un appel à l'occupation des usines en cas d'intervention de la force.
Le 6, l'intervention de Mgr Dabrowski, secrétaire de la Conférence épiscopale, permet la signature d'un accord prévoyant des changements de personnes « à certains postes ».
Le 9, le comité central du Parti ouvrier unifié polonais (P.O.U.P.) se réunit à Varsovie et décide de remplacer à la tête du gouvernement Jozef Pinkowski, démissionnaire, par le général Wojciech Jaruzełski, qui conserve le portefeuille de la Défense. Huit membres du comité central démissionnent également ou sont exclus.
Le 10, Stanisław Kania, chef du P.O.U.P., prononce un discours où il évoque les dangers de la situation, et annonce son intention de « tuer dans l'œuf la contre-révolution » et de « renégocier » les accords de Gdańsk.
Le 12, devant la Diète, le nouveau chef de gouvernement propose une trêve de trois mois aux syndicats ; Solidarité se déclare prêt à négocier sur tous les problèmes en suspens. Le 17, l'Union indépendante des étudiants (N.Z.S.) est enregistrée par le ministre de l'Enseignement supérieur. Cette mesure, qui dote les universités d'une certaine autonomie, calme l'agitation étudiante qui se développait dans tout le pays.
Le 19, un accord est signé à Rzeszow avec les agriculteurs en grève ; cet accord n'exclut pas la reconnaissance d'un syndicat paysan. Le 20, pour la première fois depuis plus de six mois, il n'y a plus de grève ni d'agitation dans le pays. Le même jour, l'U.R.S.S. accorde un moratoire pour le paiement de la dette extérieure.
Du 23 au 26, les représentants de quinze pays capitalistes créanciers de la Pologne se réunissent à Paris, sous la présidence de Jean-Yves Haberer, directeur du Trésor. Devant la volonté de redressement économique de Varsovie, ceux-ci se déclarent prêts à différer le remboursement d'une partie de la dette.