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4-26 février 2019

France. Publication du rapport du Sénat sur l’affaire Benalla

Le 4, les journalistes de Mediapart s’opposent à une tentative de perquisition des locaux du site d’information. Celle-ci est menée dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « atteinte à la vie privée » et détention de matériel « d’interception de télécommunications », ouverte par le parquet en dépit de l’absence de plainte. Elle fait suite à la publication par le site, fin janvier, de l’enregistrement d’une conversation qui a eu lieu en juillet 2018 entre Alexandre Benalla, ancien adjoint au chef de cabinet du président Emmanuel Macron, et le gendarme réserviste Vincent Crase, employé par La République en marche et l’Élysée. Mediapart dénonce une tentative d’atteinte au secret des sources.

Le 6, Mediapart affirme que l’enquête préliminaire justifiant la perquisition de ses locaux a été ouverte à la suite d’un courrier du directeur de cabinet du Premier ministre, Benoît Ribadeau-Dumas, au procureur général de Paris Rémy Heitz.

Le 7, Matignon annonce la démission de la responsable du Groupe de sécurité du Premier ministre, Marie-Élodie Poitout, qui est nommée au ministère de l’Intérieur. Le compagnon de celle-ci, Chokri Wakrim, un sous-officier en poste au commandement des opérations spéciales, ami d’Alexandre Benalla, se révèle lié par contrat, aux côtés de ce dernier et de Vincent Crase, à la protection de l’oligarque russe proche du Kremlin Iskander Makhmudov, soupçonné de lien avec le crime organisé. Le parquet national financier annonce l’ouverture d’une enquête pour corruption au sujet de ce contrat conclu en juin 2018 entre la société de Vincent Crase et Iskander Makhmudov. Le ministère de la Défense annonce la suspension temporaire de ses fonctions de Chokri Wakrim.

Le 11, le conseiller spécial d’Emmanuel Macron à l’Élysée, Ismaël Emelien, annonce sa prochaine démission, justifiée par la parution à venir de son livre sur le progressisme. Interrogé par la police en janvier, il avait reconnu avoir diffusé sur les réseaux sociaux, au moment de l’éclatement de l’affaire, en juillet 2018, des images de vidéosurveillance sur les événements du 1er-Mai, obtenues illégalement auprès de la police par Alexandre Benalla et destinées à disculper ce dernier.

Le 19, Alexandre Benalla et Vincent Crase sont placés en détention provisoire pour avoir violé, en se contactant, le contrôle judiciaire que leur impose leur mise en examen en juillet 2018.

Le 20, la commission d’enquête du Sénat sur l’affaire Benalla rend public son rapport. Elle dénonce les « dysfonctionnements majeurs » qui ont permis à Alexandre Benalla d’occuper « une place tout à fait excessive […] dans la mise en œuvre de la sécurité du chef de l’État », ainsi que la faiblesse des réactions de la présidence qui n’a agi que sous la pression des révélations médiatiques. La commission relève la menace sur la sécurité du chef de l’État et sur les intérêts du pays que représente l’implication d’Alexandre Benalla et Vincent Crase dans l’affaire du contrat russe. Enfin, les sénateurs préconisent que la justice soit saisie des soupçons de parjure devant leur commission visant Alexandre Benalla.

Le 21, le Premier ministre Édouard Philippe dénonce « une appréciation […] très politique » de la part du Sénat – dominé par les Républicains – qu’il accuse de se prononcer sur l’organisation interne de la présidence de la République, en violation du principe de séparation des pouvoirs.

Le 26, la cour d’appel de Paris ordonne la remise en liberté d’Alexandre Benalla et Vincent Crase.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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