4-27 janvier 2004
Irak. Poursuite de la polémique sur l'existence des armes de destruction massive
Le 4, le Premier ministre britannique Tony Blair effectue une visite surprise sur la base de Shaïba, près de Bassorah. Il déclare que le but de la coalition est d'« aider l'Irak à devenir un pays stable, prospère, démocratique et gouverné par les Irakiens ».
Le 4 également, l'hebdomadaire britannique The Independant on Sunday publie une enquête sur des cas de torture perpétrés, en septembre 2003, par des soldats britanniques en Irak ayant entraîné la mort d'un détenu irakien.
Le 6, deux Français travaillant pour la société Géomines, spécialisée dans le déminage, sont tués près de Fallouja lors d'une attaque de la guérilla irakienne.
Le 7, l'administrateur américain en Irak, Paul Bremer, annonce la libération prochaine de plus de cinq cents prisonniers irakiens – sur les douze mille détenus par les Américains – en vue d'« inciter les Irakiens à se réconcilier avec leurs compatriotes ».
Le 8, la fondation américaine Carnegie publie un rapport qui accuse Washington d'avoir exagéré la menace irakienne: les armes de destruction massive représentaient une menace « à long terme », mais pas « immédiate »; de plus, il n'existait pas de « preuve solide » de relations entre le régime de Saddam Hussein et l'organisation terroriste Al-Qaida. De son côté, le New York Times présente le rapatriement d'une unité américaine de quatre cents hommes, qui était chargée de détruire ces armes, comme une preuve de l'abandon des recherches.
Le 8 également, neuf soldats américains sont tués dans la chute de leur hélicoptère, abattu par la guérilla près de Fallouja.
Le 9, le Pentagone indique que Saddam Hussein, en tant qu'ancien chef de l'armée irakienne, bénéficie du statut de prisonnier de guerre défini par les conventions de Genève de 1949.
Le 15, des dizaines de milliers de chiites – majoritaires dans le pays –, partisans de l'ayatollah Ali Al-Sistani, manifestent à Bassorah pour réclamer l'organisation rapide d'élections générales. Les accords conclus en novembre 2003 entre l'administration américaine en Irak et le Conseil intérimaire de gouvernement (C.I.G.) irakien prévoient un transfert progressif du pouvoir.
Le 18, un attentat-suicide à la voiture piégée devant le quartier général de l'administration américaine à Bagdad fait une trentaine de morts, presque tous irakiens.
Le 19, tandis que plusieurs milliers de chiites manifestent de nouveau à Bagdad, Kofi Annan, secrétaire général de l'O.N.U., réunit à New York Paul Bremer, l'administrateur britannique en Irak et plusieurs officiels irakiens, dont le président du C.I.G. Adnan Pachachi, pour évoquer le rôle futur des Nations unies en Irak. Il accepte d'étudier la requête de la coalition et des Irakiens qui lui demandent d'évaluer la possibilité d'organiser des élections dans les prochains mois ou de proposer des solutions alternatives.
Le 23, contredisant les propos tenus par George W. Bush le 20 dans son discours sur l'état de l'Union, le chef de la mission américaine chargée de découvrir les armes de destruction massive qui auraient été dissimulées par le régime de Saddam Hussein, David Kay, membre de la C.I.A., déclare qu'aucun programme d'armements de ce type n'a été relancé depuis la fin de la guerre du Golfe en 1991; il présente alors sa démission. L'opposition démocrate ainsi que certains républicains et David Kay lui-même réclament la création d'une commission d'enquête indépendante sur les armes de destruction massive en Irak.
Le 27, Kofi Annan annonce l'envoi en Irak d'une mission de l'O.N.U. chargée d'étudier la possibilité d'organiser des élections avant la fin de juin, date à laquelle la coalition a prévu de transférer le pouvoir aux Irakiens.