4-27 novembre 1998
Italie - Turquie. Crise diplomatique à la suite de l'arrestation du chef du P.K.K
Le 4, Abdullah Öcalan, dit « Apo », chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (P.K.K.), dépose une demande d'asile politique auprès des autorités russes. En octobre, le chef du mouvement autonomiste armé kurde avait été contraint de quitter la Syrie, où il disposait de bases arrière, à la suite des menaces exprimées par Ankara à l'encontre de Damas. Moscou lui refusera l'asile et l'incitera à quitter la Russie.
Le 12, Abdullah Öcalan est arrêté à Rome, en provenance de la capitale russe, en exécution d'un mandat d'arrêt international délivré par l'Allemagne en 1990. Il est considéré comme l'« ennemi numéro un » en Turquie où les troubles au Kurdistan, qui ont éclaté en 1984, ont fait plus de trente mille morts. Son arrestation provoque des manifestations de soutien de la part de la communauté kurde à travers toute l'Europe.
Le 17, le président italien du Conseil, Massimo D'Alema, rejette la demande d'extradition d'Abdullah Öcalan formulée par Ankara, ce qui provoque une crise diplomatique entre les deux pays. En Turquie, le dirigeant kurde risque la peine de mort. De plus, Massimo D'Alema déclare que la situation créée par l'arrestation d'Abdullah Öcalan constitue « une opportunité importante pour [...] rechercher une solution pacifique, l'unique possible de la vieille et douloureuse question kurde ».
Le 20, la cour d'appel de Rome lève l'ordre d'arrestation du chef du P.K.K. qui ne peut toutefois quitter Rome. Tandis que le Premier ministre turc, Mesut Yilmaz, menace Rome d'une « éternelle inimitié ». Ankara engage des sanctions d'ordre économique à l'encontre de l'Italie.
Le 27, à l'issue d'une rencontre avec Massimo D'Alema, à Bonn, le chancelier Gerhard Schröder annonce que l'Allemagne renonce à demander l'extradition d'Abdullah Öcalan. La présence de deux millions de Turcs – dont de nombreux Kurdes – sur le territoire allemand lui fait craindre des « troubles à l'ordre public ». Les deux dirigeants se prononcent en faveur du jugement d'Abdullah Öcalan par un tribunal international ou européen qui reste à créer.