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4-28 avril 2006

France. Affaire Clearstream

Le 4, au cours d'une réunion, le Premier ministre Dominique de Villepin et le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy évoquent leur différend au sujet de l'« affaire Clearstream » qui s'étale au grand jour à cette occasion. Le nom de Nicolas Sarkozy figure dans une des listes remises anonymement à la justice en avril et juin 2004, qui référencent des personnalités politiques et des dirigeants d'entreprises jouissant d'un compte secret auprès de la société Clearstream, une chambre de compensation financière basée au Luxembourg. Ces listes se sont rapidement révélées avoir été falsifiées. En septembre 2004, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour dénonciation calomnieuse, en vue d'identifier le « corbeau » à l'origine de ces documents. Au cours de l'enquête, l'écrivain Denis Robert, auteur d'enquêtes accusatrices contre Clearstream, a affirmé avoir remis, en mars 2003, des listes similaires à l'informaticien Imad Lahoud, qui a travaillé pour la Direction générale de la sûreté extérieure (D.G.S.E.) puis pour le groupe d'aéronautique et de défense E.A.D.S. Proche de certaines sphères du pouvoir, Imad Lahoud a été introduit à la D.G.S.E. par le général Philippe Rondot, alors conseiller au ministère de la Défense pour les questions de renseignement, et à E.A.D.S. par Jean-Louis Gergorin, vice-président du groupe. Philippe Rondot et Jean-Louis Gergorin sont des proches de Dominique de Villepin. Le ministre de l'Intérieur, qui a déposé plainte en janvier 2006 après avoir été, selon lui, tardivement informé de sa mise en cause dans l'affaire, dénonce une tentative de déstabilisation orchestrée par l'entourage du Premier ministre.

Le 13 puis le 19, des perquisitions sont effectuées au ministère de la Défense, après celles qui avaient été réalisées à la Direction de la surveillance du territoire, à la D.G.S.E. et chez E.A.D.S.

Le 26, l'hebdomadaire L'Express révèle que Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, aurait eu connaissance dès janvier 2003 de l'existence de listes accusatrices provenant prétendument de Clearstream, et qu'elle aurait confié au général Rondot une enquête à leur sujet en novembre 2003.

Le 28, le quotidien Le Monde publie des extraits des déclarations du général Rondot à la justice, le 28 mars. Celui-ci affirme avoir été chargé en janvier 2004 par Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, sur « instruction de l'Élysée », d'une enquête confidentielle sur les listes qui avaient été remises au ministre par Jean-Louis Gergorin. Le général déclare que le nom de Nicolas Sarkozy a été évoqué à cette occasion, ce que Dominique de Villepin dément. Il déclare aussi avoir exprimé à ce dernier ses doutes quant à l'authenticité des documents dès avril 2004, puis à Michèle Alliot-Marie le mois suivant.

Le 28 également, tandis que des rumeurs de démission prochaine du Premier ministre circulent, le chef de l'État « dément formellement avoir demandé la moindre enquête visant des personnalités politiques dont le nom a pu être mentionné ».

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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