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4-28 février 1991

Libération du Koweït par la force multinationale

Le 4, le président iranien Hachemi Rafsandjani propose sa médiation. Cette initiative est accueillie avec réserve par Washington et avec intérêt par Moscou. En outre, les autorités israéliennes estiment que 50 p. 100 des capacités nucléaires mais aussi bactériologiques et chimiques de l'Irak ont été détruites.

Le 6, James Baker, secrétaire d'État américain, déclare que l'offensive terrestre à venir impliquera « de nombreuses victimes et de grandes épreuves » ; il évoque la participation, après le conflit, de la coalition à la « reconstruction » de l'Irak. Le lendemain, il envisage la création d'une banque pour la reconstruction et le développement au Proche-Orient financée par des capitaux régionaux. De son côté, l'Irak annonce la rupture de ses relations diplomatiques avec les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, l'Arabie Saoudite et l'Égypte. Quant au roi Hussein de Jordanie, il hausse le ton sous la pression de son opinion : il dénonce la « destruction de l'Irak et l'établissement d'un nouvel ordre régional » par les États-Unis.

Le 9, le président Rafsandjani estime que la réponse irakienne aux « idées » de paix qu'il avait communiquées à Bagdad le 2 n'est pas « au niveau de ce qu'on attendait ».

Le 10, le président irakien Saddam Hussein prononce un discours belliqueux dans lequel il rejette toute idée de cessez-le-feu. De retour d'une mission d'évaluation de deux jours en Arabie Saoudite où l'a accompagné le général Colin Powell, chef d'état-major interarmes, Dick Cheney, secrétaire américain à la Défense, estime que l'Irak « dispose toujours d'une partie très importante de ce qui a été la quatrième armée du monde ».

Le 11, le président américain George Bush décide en conséquence de poursuivre les bombardements « pendant un moment » avant de déclencher l'offensive terrestre. Ceux-ci s'intensifient les jours suivants. À la fin du conflit, le 28, l'aviation alliée aura effectué cent six mille sorties, soit une moyenne de plus de deux mille cinq cents par jour. L'Irak appelle au boycottage du pèlerinage annuel de La Mecque afin de protester contre la « présence militaire américano-atlantique sur la terre sacrée d'Arabie Saoudite ».

Le 12, à l'issue d'une rencontre avec Evgueni Primakov, émissaire de Mikhaïl Gorbatchev, le président irakien envisage de « coopérer » avec l'U.R.S.S. pour trouver une solution pacifique au conflit, tout en soulignant les divergences de vues entre les deux pays.

Le 13, le bombardement par l'aviation américaine d'un abri situé à Amriya, dans la périphérie de Bagdad, cause la mort d'au moins trois cents civils. Les militaires américains, affirmant qu'il s'agissait d'un bunker camouflé servant de poste de commandement et de contrôle, rejettent sur les dirigeants irakiens la responsabilité du drame. Mais cette tragédie suscite une nouvelle vague d'antiaméricanisme dans les pays arabes ainsi qu'un regain de mobilisation dans les milieux pacifistes occidentaux.

Le 14, les autorités américaines affirment que plus d'un tiers du potentiel militaire irakien aurait été détruit.

Le 15, l'Irak annonce pour la première fois depuis le début de la crise qu'il est prêt à appliquer la résolution 660 du Conseil de sécurité de l'O.N.U. du 2 août 1990 qui ordonne le retrait du Koweït. Mais cette acceptation est assortie de plusieurs conditions, notamment l'instauration préalable d'un cessez-le-feu, le départ des forces de la coalition, l'annulation des autres résolutions de l'O.N.U., le retrait israélien des territoires occupés, l'annulation des dettes de l'Irak et la participation des agresseurs à la reconstruction du pays. Les Alliés rejettent ces propositions, rappelant que le retrait irakien doit être inconditionnel, mais le Kremlin réagit favorablement.

Le 18, Mikhaïl Gorbatchev soumet à Tarek Aziz, ministre irakien des Affaires étrangères en visite à Moscou, un plan de paix ; il en informe les Occidentaux qui l'accueillent avec scepticisme. Les Américains affirment être sur le point de déclencher l'offensive terrestre ; les incidents se multiplient sur la frontière koweïto-saoudienne, et les forces alliées maintiennent une forte pression aérienne et terrestre sur les positions irakiennes.

Le 21, Saddam Hussein prononce à Bagdad un violent discours. Mais, quelques heures plus tard, Tarek Aziz, revenu à Moscou, déclare que son pays accepte le plan de paix soviétique. Celui-ci prévoit le retrait, après le cessez-le-feu et sans délai précis, des troupes irakiennes du Koweït, suivi de la levée des sanctions et de l'invalidation des résolutions du Conseil de sécurité de l'O.N.U. Les Alliés estiment ce plan insuffisant.

Le 22, tandis que Tarek Aziz et ses interlocuteurs soviétiques précisent les termes du plan de paix, le président Bush donne à l'Irak jusqu'au lendemain midi, heure de Washington, pour entamer l'évacuation de ses troupes du Koweït, qui devra être achevée en une semaine. Les préparatifs de l'offensive terrestre sont, à ce moment, déjà techniquement engagés. Les troupes irakiennes pratiquent la politique de la terre brûlée au Koweït, détruisant notamment les installations pétrolières.

Le 23, Moscou annonce que Bagdad a répondu positivement à une version plus contraignante du plan de paix soviétique. Celui-ci ne remplit toutefois pas les conditions posées par les Américains qui estiment cette acceptation « sans effet ».

Le 24, à 3 heures G.M.T., le président Bush annonce le déclenchement de l'offensive terrestre. Appuyés par l'aviation de neuf pays et la marine de quatre pays alliés, les forces aéroterrestres de la vingtaine d'armées de terre coalisées, dont la division française Daguet, franchissent la frontière saoudienne et avancent rapidement en territoires koweïtien et irakien en direction de Koweït-Ville et des positions de la garde républicaine irakienne, effectuant une manœuvre d'encerclement. Elles ne rencontrent qu'une très faible résistance et subissent très peu de pertes, faisant prisonniers des milliers de soldats irakiens qui, pour la plupart, se rendent sans combattre. Cependant, Radio-Bagdad affirme que l'assaut allié a été repoussé. Les pays du Maghreb et la Jordanie condamnent l'offensive que, pour leur part, Moscou et Téhéran « regrettent ».

Le 25, les débris d'un Scud irakien tombent sur un bâtiment des forces armées américaines à Dhahrān, en Arabie Saoudite, faisant vingt-huit morts et quatre-vingt-dix-huit blessés. Au total, durant le conflit, trente-neuf Scud ont été tirés contre Israël, faisant deux morts et trois cents blessés, et quarante et un contre l'Arabie Saoudite, faisant au moins trente morts et deux cents blessés. Sur le terrain, les Alliés continuent de progresser tandis que l'U.R.S.S. poursuit ses efforts diplomatiques dans le cadre de l'O.N.U.

Le 26, tout en saluant la « victoire » de l'Irak, Saddam Hussein annonce à Radio-Bagdad l'achèvement « dans la journée » du retrait de ses troupes du Koweït, entamé dans la nuit.

Le 27, après avoir libéré la moitié du territoire koweïtien, les forces coalisées pénètrent dans Koweït-Ville, qui a été abandonnée par les Irakiens. Le gouvernement koweïtien en exil y décrète la loi martiale pour trois mois. À l'ouest de Bassorah, dans le sud de l'Irak, une impressionnante bataille de chars oppose des divisions américaines et britanniques à la garde républicaine irakienne, prise à revers grâce à la tactique d'encerclement alliée. Selon le Pentagone, vingt-neuf des quarante-deux divisions irakiennes sont hors de combat et plus de cinquante mille soldats irakiens ont déjà été faits prisonniers. En fin de journée, le gouvernement irakien informe le Conseil de sécurité de l'O.N.U. qu'il accepte de se conformer à toutes ses résolutions. Dans un discours radio-télévisé, le président Bush constate la victoire des Alliés. « Le Koweït est libéré, l'armée irakienne est défaite, nos objectifs sont atteints. [...] L'Amérique et le monde ont tenu leur promesse », affirme-t-il avant d'annoncer la « suspension des actions offensives » à partir de minuit, heure de Washington – 5 heures G.M.T., le 28. À cette heure, un cessez-le-feu provisoire s'établit effectivement sur le terrain. Les pertes humaines du conflit s'élèvent à plusieurs dizaines de milliers de morts civils et militaires pour l'Irak, contre moins de deux cents tués pour les coalisés – dont cent quinze Américains, trente-six Britanniques, quarante-quatre Arabes des forces de coalition et deux Français – et cinq cents blessés environ. La coalition a perdu trente-six avions en mission, et treize aviateurs ont été faits prisonniers. Le nombre des prisonniers irakiens est supérieur à soixante mille et le potentiel militaire irakien est détruit aux deux tiers : sur le terrain, quarante divisions sur quarante-deux ont été mises hors de combat, mais il en reste une trentaine d'autres qui n'étaient pas engagées dans le conflit. Les experts militaires estiment aussi que l'Irak est parvenu à conserver environ deux mille cinq cents chars sur cinq mille cinq cents et mille trois cents pièces d'artillerie sur trois mille cinq cents, répartis sur tout le territoire.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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