4-28 février 1994
Bosnie-Herzégovine. Retrait des armes lourdes serbes des environs de Sarajevo
Le 4, un tir d'obus sur un faubourg de Sarajevo cause la mort de dix civils. Selon la Forpronu, les projectiles provenaient des positions serbes.
Le 5, un nouveau bombardement d'artillerie fait 68 morts sur un marché de la capitale bosniaque. L'origine des tirs restera non élucidée. Ce massacre, le plus meurtrier depuis le début du siège de Sarajevo en avril 1992, suscite l'indignation de la communauté internationale. La France appelle ses partenaires de l'O.T.A.N. engagés en ex-Yougoslavie à lancer un ultimatum aux Serbes de Bosnie exigeant la levée du siège de la capitale sous peine de frappes aériennes.
Le 7, les ministres des Affaires étrangères des Douze, suivis le 8 par les États-Unis, approuvent cette position également soutenue par le secrétaire général de l'O.N.U. Boutros Boutros-Ghali. C'est la première fois que des frappes aériennes contre les positions serbes sont concrètement envisagées depuis l'adoption de ce principe par l'O.T.A.N., en août 1993. La Russie, quant à elle, se déclare hostile au recours à la force.
Le 8, le chef ultranationaliste des Croates de Bosnie, Mate Boban, responsable du conflit avec ses anciens alliés musulmans, annonce sa démission de la « présidence » de la « république croate d'Herceg-Bosna ». La Croatie, sous la pression de laquelle cette décision a été prise, entend ainsi désamorcer les menaces de sanctions qui la visent pour son ingérence militaire dans le conflit bosniaque, favoriser la conclusion d'un règlement avec les Bosniaques et rassurer les Croates bosniaques hostiles au rattachement de l'Herceg-Bosna à la mère patrie.
Le 9, le Conseil de l'O.T.A.N. enjoint aux Serbes de Bosnie de retirer leurs armes lourdes au-delà d'un périmètre de 20 kilomètres autour de Sarajevo ou de les placer sous le contrôle de la Forpronu avant le 21, sous peine de frappes aériennes. Il autorise l'utilisation de la force aérienne en cas d'attaques d'artillerie contre des cibles civiles à Sarajevo. Enfin, il appelle les Bosniaques à placer eux aussi leurs armes lourdes sous le contrôle des casques bleus.
Le 9 également, le commandant de la Forpronu pour la Bosnie, le général Michael Rose, annonce la conclusion d'un cessez-le-feu entre Serbes de Bosnie et Musulmans dans la région de Sarajevo. Celui-ci prévoit la mise sous contrôle onusien des armes lourdes et l'interposition de casques bleus dans certaines positions clés. Les jours suivants, la Forpronu, assez réticente en matière de recours à la force, se montre plus souple que l'O.T.A.N. sur le principe du contrôle des armements lourds.
Le 14, lors d'un débat au Conseil de sécurité sur la situation en Bosnie, la Russie fait savoir qu'elle ne s'opposera pas au recours à la force contre les batteries serbes entourant Sarajevo.
Le 17, les Serbes de Bosnie acceptent de retirer leur armement lourd autour de Sarajevo à la demande de la Russie – et non en application des exigences de l'O.T.A.N. – en échange de l'envoi de casques bleus russes dans la capitale bosniaque, proposé par Moscou. Cette initiative constitue un succès diplomatique pour la Russie.
Le 20, à l'approche de l'expiration de l'ultimatum, l'O.T.A.N. et l'O.N.U. conviennent que le retrait des armes lourdes serbes autour de Sarajevo est suffisamment engagé pour ne pas justifier, « à ce stade », de frappes aériennes. L'ultimatum reste toutefois « exécutoire à tout moment ».
Le 23, les chefs militaires croates et musulmans de Bosnie signent, sous l'égide des États-Unis, un accord de cessez-le-feu prévoyant un retrait des armes lourdes des zones de front et une interposition de la Forpronu. Les deux parties expriment la volonté d'ouvrir des négociations sur la constitution d'une fédération croato-musulmane au sein d'une Bosnie redécoupée.
Le 28, dans le centre de la Bosnie, deux avions américains des forces aériennes de l'O.T.A.N. abattent quatre appareils serbes qui violaient la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Bosnie-Herzégovine instituée par la résolution 781 du Conseil de sécurité de l'O.N.U. en octobre 1992. Un millier de violations de l'espace aérien ont été enregistrées depuis cette date.