4-28 février 2022
Suisse. Annonce de sanctions contre la Russie.
Le 4, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov adresse une lettre au président de la Confédération Ignazio Cassis afin de connaître sa position sur la sécurité en Europe et sur l’élargissement vers l’est de l’OTAN – la Suisse est neutre et n’est pas membre de l’Union européenne. Le département fédéral des Affaires étrangères estime que ces questions doivent être discutées dans le cadre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Le 4, la députée européenne et ancienne ministre française Nathalie Loiseau (LRM), présidente de la sous-commission Sécurité et Défense du Parlement européen, revenant de Kiev qui se trouve alors sous la menace d’une intervention militaire russe, déclare à l’hebdomadaire Le Point que « face à Moscou, l’Europe ne doit pas être une grosse Suisse molle ».
Le 23, en réaction à la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des « républiques » séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine, le Conseil fédéral « condamne l’action de la Russie » et déclare qu’il « analysera la nature des sanctions » adoptées par l’Union européenne (UE).
Le 24, Ignazio Cassis fait part de l’intention du Conseil fédéral de « reprendre » les sanctions contre la Russie décidées par l’UE à la suite de l’invasion de l’Ukraine, « par l’intermédiaire de mesures visant à prévenir leur contournement par la Suisse », comme Berne l’avait déjà fait à la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie en février-mars 2014.
Le 25, le conseiller fédéral chargé de l’Économie, de la Formation et de la Recherche Guy Parmelin précise la nature de ces mesures. Il annonce l’interdiction de « nouer de nouvelles relations d’affaires » avec les personnes et les entreprises sanctionnées par l’UE et l’obligation d’informer le secrétariat d’État à l’Économie des affaires en cours. Le gel des avoirs russes dans le pays est exclu, la Suisse souhaitant « garder les portes ouvertes pour faire ce que les autres ne peuvent pas faire : être un canal de communication ». Selon la Banque nationale suisse, les avoirs russes représentaient près de 10,4 milliards de francs suisses (10,1 milliards d’euros) en 2020. Le pays est la principale place de négoce de matières premières (hydrocarbures, céréales) et une importante plaque tournante financière pour les grandes entreprises russes. Les jours suivants, tous les partis politiques, à l’exception de l’Union démocratique du centre (UDC) qui défend la neutralité du pays, se prononcent en faveur de sanctions plus dures.
Le 28, le Conseil fédéral décide de s’aligner sur les sanctions européennes annoncées le 23 et le 25 en gelant les avoirs des personnalités russes visées par l’UE et en fermant l’espace aérien aux compagnies russes. L’accord visant à faciliter la délivrance de visas, conclu avec la Russie en septembre 2009, est partiellement suspendu. « La stabilité de notre place financière n’est pas remise en question et son intégrité est protégée », précise le conseiller fédéral chargé du département des Finances Ueli Maurer.