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4 novembre-5 décembre 2017

Arabie Saoudite - Liban. Démission du Premier ministre libanais et purge à Riyad

Le 4, le Premier ministre libanais Saad Hariri annonce sa démission depuis Riyad où le prince héritier Mohammed ben Salman l’avait convoqué la veille. Saad Hariri, qui a également la nationalité saoudienne, dénonce la « mainmise » de l’Iran sur le Liban par le biais du Hezbollah et affirme craindre pour sa vie. Son mouvement, le Courant du futur, qui gouverne à Beyrouth avec le Hezbollah, est soutenu par l’Arabie Saoudite. La veille, Saad Hariri avait reçu à Beyrouth Ali Akbar Velayati, conseiller diplomatique du guide suprême iranien Ali Khamenei, qui avait salué les opérations antidjihadistes menées conjointement par le Hezbollah et l’armée libanaise durant l’été.

Le 4 également, plus de deux cents personnes, dont des princes, d’anciens ministres et des hommes d’affaires, sont arrêtées en Arabie Saoudite dans le cadre d’une opération anticorruption. Parmi eux figurent le prince Mitab ben Abdallah al-Saoud, fils de l’ancien roi Abdallah, qui commande la garde nationale, et le milliardaire Al-Walid ben Talal. Le 9, le procureur général du royaume estimera l’ensemble des malversations visées à 100 milliards de dollars sur dix ans.

Le 4 toujours, un missile tiré depuis le Yémen par les rebelles houthistes pro-iraniens est intercepté au-dessus de Riyad, qui dénonce une « agression militaire directe » de Téhéran.

Saad Hariri et le roi Salman, 2017 - crédits : Bandar Algaloud/ Saudi Royal Council/ Handout/ Anadolu Agency/ AFP

Saad Hariri et le roi Salman, 2017

Le 5, le président libanais Michel Aoun annonce qu’il rejette la démission de Saad Hariri tant que celui-ci n’est pas revenu au Liban pour lui en expliquer les raisons. De son côté, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah dénonce l’« ingérence » de Riyad dans les affaires libanaises.

Le 6, Riyad affirme que « le gouvernement libanais a déclaré la guerre à l’Arabie Saoudite », arguant d’« actes d’agression » commis dans le royaume par le Hezbollah.

Le 9, effectuant une escale imprévue à Riyad, le président français Emmanuel Macron s’entretient avec le prince héritier auquel il exprime le « souhait que tous les responsables politiques libanais puissent vivre librement au Liban ».

Le 12, une chaîne libanaise appartenant au Courant du futur diffuse une interview de Saad Hariri dans laquelle celui-ci dément la thèse d’une démission forcée. Il laisse entendre qu’il pourrait revenir sur sa démission si le Hezbollah se conformait au principe de « distanciation », c’est-à-dire de non-ingérence dans les conflits de la région.

Le 15, le président Aoun déclare dans un tweet qu’il considère Saad Hariri « comme en captivité et détenu ».

Le 16, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian se rend à Riyad pour discuter de la proposition faite la veille par Emmanuel Macron d’accueillir Saad Hariri à Paris.

Le 18, Saad Hariri et sa famille gagnent Paris.

Le 21, Saad Hariri rentre à Beyrouth après une rencontre, au Caire, avec le président Abdel Fattah al-Sissi, un proche du royaume saoudien.

Le 22, Saad Hariri célèbre à Beyrouth la fête de l’indépendance du Liban au côté de Michel Aoun et annonce le gel de sa démission « à la demande du président ».

Le 28, le prince Mitab ben Abdallah al-Saoud est libéré après avoir accepté une transaction financière d’un montant de 1 milliard de dollars.

Le 5 décembre, Saad Hariri retire sa démission après que les forces politiques membres du gouvernement ont réaffirmé leur respect du principe de « distanciation ».

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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