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4-29 mai 1989

Chine. Les étudiants sur la place Tiananmen et Gorbatchev à Pékin

Le 4, bravant les interdictions du pouvoir, trois cent mille étudiants manifestent dans les rues de Pékin pour fêter l'anniversaire du mouvement de protestation qui agita la Chine en 1919. Comme en avril, ils réclament l'ouverture de discussions sur la démocratisation du régime. Plusieurs centaines de journalistes se joignent à eux pour demander la liberté de la presse. Des manifestations ont lieu simultanément dans plusieurs autres villes chinoises.

Le 5, Zhao Ziyang, secrétaire général du P.C., se déclare favorable à des « consultations étendues ».

Le 13, afin de faire pression sur les autorités pour hâter l'ouverture du dialogue, plusieurs centaines d'étudiants commencent une grève de la faim place Tiananmen dans des conditions d'hygiène déplorables. Ils reçoivent, les jours suivants, le soutien de centaines de milliers de Pékinois, de toute catégorie sociale, qui viennent, à leur tour, interpeller le pouvoir.

Le 15, des dizaines de milliers d'étudiants occupent les rues de Pékin alors qu'arrive dans la capitale le numéro un soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, pour un sommet « historique » avec Deng Xiaoping, rencontre qui met fin à trente ans de mésentente soviéto-chinoise.

Le 16, Mikhaïl Gorbatchev s'entretient avec Deng Xiaoping. Alors que le programme de sa visite ne cesse d'être perturbé par la marée humaine qui paralyse Pékin, Mikhaïl Gorbatchev déclare que l'U.R.S.S. a également ses « têtes brûlées » qui veulent changer le socialisme du jour au lendemain.

Le 17, le dirigeant soviétique propose la démilitarisation de la frontière entre les deux pays et annonce un retrait partiel des troupes soviétiques stationnées en Mongolie. À propos du conflit cambodgien, les deux hommes constatent leur désaccord. La foule, qui dépasse, le 17 et le 18, le million de personnes sur la place Tiananmen, oblige à modifier l'itinéraire de la visite. Des banderoles réclamant la retraite de Deng Xiaoping, âgé de quatre-vingt-cinq ans, et la démission de Li Peng, Premier ministre, font leur apparition.

Le 18, avant le départ de Mikhaïl Gorbatchev pour Shanghaï et son retour à Moscou le lendemain, un communiqué commun est publié à l'issue de sa visite, dans lequel la Chine et l'U.R.S.S. proclament leur volonté mutuelle de respecter leur souveraineté et leur intégrité territoriale.

Le 19, Zhao Ziyang, accompagné de Li Peng qui reste en retrait, se rend à l'aube auprès des étudiants pour les dissuader de poursuivre leur grève de la faim et pour faire des propositions de dialogue. Les étudiants semblent disposer à l'entendre et annoncent qu'ils vont recommencer à s'alimenter. Mais, dans la soirée, Li Peng décide d'instaurer la loi martiale à partir du 20 : l'armée est chargée de rétablir l'ordre, et des mesures sont prises contre la presse chinoise et étrangère.

Les jours suivants, une grande partie de la population s'interpose, pour empêcher l'entrée de la capitale aux militaires. Tandis que partisans et adversaires de la répression s'affrontent au sein de la direction chinoise, de nombreux soldats semblent refuser d'intervenir contre les étudiants, et aucune tentative sérieuse n'est engagée par l'armée. La mobilisation des étudiants reste importante mais commence un peu à faiblir après une dernière grande manifestation le 23.

Le 26, les partisans de la ligne dure soutiennent Deng Xiaoping et Li Peng, qui est réapparu, le 25, à la télévision. Les dirigeants de l'armée, qui étaient divisés, semblent également se rallier à Li Peng, tandis que des informations non vérifiées indiquent que Zhao Ziyang aurait été mis en résidence surveillée, ainsi que plusieurs de ses partisans, accusés d'activité anti-parti.

Le 29, des étudiants érigent sur la place Tiananmen une statue de la Liberté en polystyrène, rebaptisée déesse de la Démocratie, que les Pékinois viennent voir par centaines de milliers.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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