4-30 janvier 2005
Irak. Élections dans un climat de violence
Le 4, alors que le rythme des attentats meurtriers s'accélère à l'approche des élections législatives prévues pour le 30, le gouverneur de Bagdad, Ali Al-Haidari, partisan de la manière forte à l'encontre des insurgés, est assassiné par balles dans la capitale. L'attentat est revendiqué par le groupe d'Abou Moussab Al-Zarkaoui. Des doutes s'expriment, au sein de l'équipe dirigeante, quant à la possibilité de maintenir la date des élections.
Le 5, le Premier ministre intérimaire Iyad Allaoui confirme la tenue des élections à la date prévue.
Le 5 également, la journaliste française Florence Aubenas, envoyée spéciale du quotidien Libération, et son guide irakien Hussein Hanoun Al-Saadi sont enlevés à Bagdad.
Le 12, la Maison-Blanche confirme l'information, parue dans la presse, de l'arrêt définitif, ordonné en décembre 2004, des recherches d'armes de destruction massive en Irak.
Le 15, la cour martiale de Fort Hood (Texas) condamne le caporal américain Charles Graner à dix ans de prison et à la radiation de l'armée pour, notamment, cruauté et mauvais traitements, dans l'affaire des sévices infligés à des prisonniers irakiens à la prison d'Abou Ghraib, au cours de l'automne de 2003 et de l'hiver suivant. Elle ne retient pas l'argument de la défense selon lequel l'accusé aurait obéi à des ordres. Charles Graner est, avec sa compagne Lynndie England, l'un des principaux responsables des sévices dénoncés.
Le 19, la presse britannique publie des photos de sévices perpétrés par des soldats britanniques sur des prisonniers civils irakiens, près de Bassorah, en mai 2003. La justice militaire a pris l'initiative de rendre publics ces documents alors que plusieurs soldats sont en cours de jugement devant une cour martiale.
Le 21, alors que le pays est quotidiennement le théâtre de violences meurtrières, un attentat à la voiture piégée devant une mosquée chiite de Bagdad fait quinze morts. Il survient au lendemain de la diffusion sur Internet d'un message audio d'Abou Moussab Al-Zarkaoui dirigé contre la communauté chiite et l'ayatollah Ali Al-Sistani.
Le 25, la liste des quelque sept mille candidats aux élections prévues le 30 est rendue publique. Elle était jusque-là tenue secrète pour les mêmes raisons de sécurité qui expliquent la quasi-absence de campagne électorale.
Le 26, trente et un marines sont tués dans le crash accidentel de leur hélicoptère dans l'ouest du pays.
Le 30 se déroulent, sous la surveillance des forces de la coalition dirigée par les États-Unis, les premières élections législatives et provinciales depuis la chute de Saddam Hussein, en avril 2003. Les Irakiens élisent les 275 députés de l'Assemblée nationale intérimaire, les membres des 18 conseils de province du pays et les 111 députés du Parlement kurde. L'Assemblée est chargée d'élaborer une nouvelle Constitution – qui devra être adoptée par référendum avant le 15 octobre – et d'organiser de nouvelles élections législatives en décembre. Les principaux partis sunnites boycottent les élections, tandis que les insurgés maintiennent un climat de terreur destiné à décourager les électeurs: de nombreux attentats-suicides et attaques diverses font, en un seul jour, trente-six morts dans le pays. Toutefois, l'apparente mobilisation des électeurs permet au porte-parole du Premier ministre Iyad Allaoui d'affirmer que « l'Irak a vaincu les terroristes », et au président des États-Unis George W. Bush d'évoquer « la voix de la liberté venant du centre du Moyen-Orient ».