4-30 janvier 2019
Venezuela. Autoproclamation de Juan Guaidó comme président par intérim
Le 4, les pays du Groupe de Lima, créé en août 2017 pour contribuer à une sortie pacifique de la crise politique au Venezuela, déclarent ne pas reconnaître le deuxième mandat du président Nicolás Maduro, dont la réélection en mai 2018 est contestée, et appellent celui-ci à transférer le pouvoir à l’Assemblée nationale. Le Mexique est le seul des quatorze membres du groupe – treize pays latino-américains plus le Canada – à ne pas signer cette déclaration.
Le 5, Juan Guaidó, député de l’État de Vargas (Volonté populaire, droite), est élu à la tête de l’Assemblée nationale où l’opposition, majoritaire, a choisi de faire tourner la présidence. L’Assemblée déclare « illégitime » le deuxième mandat de Nicolás Maduro et se présente comme le seul pouvoir légitime. Ce vote est symbolique, la Cour suprême ayant déclaré nulles les décisions de l’Assemblée en janvier 2016 – une Assemblée constituante entièrement chaviste, élue en juillet 2017, s’est arrogé les pouvoirs législatifs. Juan Guaidó s’engage à « mettre en place les conditions nécessaires à un gouvernement de transition et à convoquer des élections libres ».
Le 10, Nicolás Maduro prête serment devant la Cour suprême.
Le 11, Juan Guaidó affirme que la Constitution lui confère le pouvoir de diriger un gouvernement de transition. Il appelle l’opposition à manifester massivement le 23.
Le 21, un groupe de militaires d’une caserne de la garde nationale bolivarienne à Caracas se rebelle et appelle la population à se soulever contre le pouvoir. Ils sont rapidement arrêtés.
Le 23, devant des dizaines de milliers d’opposants réunis à Caracas, Juan Guaidó se proclame président par intérim. Il est aussitôt reconnu par les États-Unis, le Canada et plusieurs pays latino-américains, puis par l’Australie le 28. L’Union européenne demande que soient organisées des élections libres. Nicolás Maduro dénonce un coup d’État et annonce la rupture des relations diplomatiques avec les États-Unis.
Le 24, le général Vladimir Padrino, ministre de la Défense, entouré du haut commandement militaire, réaffirme dans une allocution télévisée la loyauté de l’armée à Nicolás Maduro.
Le 24 également, seize des trente-deux membres de l’Organisation des États américains (OEA) reconnaissent la légitimité de Juan Guaidó.
Le 26, la France, l’Espagne, l’Allemagne et le Royaume-Uni, qui seront suivis par le Portugal, les Pays-Bas et l’Autriche, donnent huit jours au président Maduro pour convoquer des élections « justes, libres et transparentes », faute de quoi ils reconnaîtront la légitimité de Juan Guaidó.
Le 29, le Tribunal suprême de justice interdit à Juan Guaidó de quitter le territoire et ordonne le blocage de ses comptes bancaires.
Le 30, Nicolás Maduro, qui a rejeté l’ultimatum européen, se déclare prêt à organiser des élections législatives et à négocier avec l’opposition.
Le 30 également, des milliers d’opposants menés par Juan Guaidó manifestent à Caracas, appelant « les soldats de base » à soutenir leur cause.