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4-30 mai 1997

Zaïre. Prise du pouvoir par Laurent-Désiré Kabila

Le 4, le président Mobutu Sese Seko rencontre, pour la première fois depuis les débuts de la rébellion en octobre 1996, le chef de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (A.F.D.L.), Laurent-Désiré Kabila, à bord d'un navire sud-africain mouillant au large du port congolais de Pointe-Noire, en présence du président Nelson Mandela. Le chef de l'État zaïrois propose un cessez-le-feu suivi de la mise en place d'une autorité de transition chargée de préparer une élection présidentielle à laquelle il ne se présenterait pas. Le chef des rebelles exige de diriger l'autorité de transition et s'engage, alors seulement, à cesser les combats.

Le 6, le commissaire européen chargé de l'action humanitaire, Emma Bonino, dénonce « des violations massives des droits de l'homme dans l'est du Zaïre [qui a été transformé en] un véritable abattoir au cours des six derniers mois ». L'A.F.D.L. continue d'empêcher toute enquête de l'O.N.U. dans les régions qu'elle contrôle.

Le 8, le président Mobutu participe à Libreville à une réunion des chefs d'État de la région – Gabon, Tchad, Centrafrique, Congo, Guinée équatoriale – au sujet de la crise zaïroise. Ceux-ci lui refusent leur aide militaire et proposent que la transition du pouvoir à Kinshasa soit assurée, en application de la Constitution, par la présidence du Haut Conseil de la République-Parlement de transition (H.C.R.-P.T.) qui est vacante.

Le 10, Mgr Laurent Monsengwo, archevêque de Kisangani, est restauré dans ses fonctions de président du H.C.R.-P.T., qu'il avait occupées de décembre 1992 à janvier 1996. L'A.F.D.L. continue à exiger un transfert direct du pouvoir.

Le 14, Laurent-Désiré Kabila refuse de rencontrer une nouvelle fois le président Mobutu.

Le 16, devant l'avancée des rebelles, le président Mobutu décide de « se tenir à l'écart » des affaires du pays et quitte Kinshasa pour sa résidence de Gbadolite, dans le nord du pays. D'autres responsables du régime fuient la capitale. Le ministre de la Défense et chef d'état-major, le général Mahele Bokungu Lieko, est tué alors qu'il tentait de convaincre ses hommes de déposer les armes.

Le 17, les forces de l'A.F.D.L. entrent sans combattre dans Kinshasa. L'Alliance annonce qu'elle « assume le pouvoir d'État à titre provisoire ». Laurent-Désiré Kabila se proclame chef de la « République démocratique du Congo » ; il annonce la constitution d'un gouvernement de salut public et la mise en place, dans les deux mois, d'une Assemblée constituante chargée de rédiger une Loi fondamentale qui régira la période de transition. Mobutu Sese Seko quitte Gbadolite pour Lomé, au Togo. Il rejoindra le Maroc le 23.

Le 18, l'Afrique du Sud est le premier pays à reconnaître le nouveau régime. L'O.N.U. et les pays occidentaux exhortent Laurent-Désiré Kabila à respecter la démocratie.

Le 20, deux ressortissants français sont tués dans la capitale. L'A.F.D.L., dont les membres sont hostiles à la France en raison du soutien apporté par celle-ci au régime de Mobutu, condamne ces assassinats qu'elle qualifie de « provocation ».

Le 22, l'A.F.D.L. présente la composition du gouvernement provisoire, qui ne comprend pas de Premier ministre, ce qui illustre la nature présidentielle du régime. Étienne Tshisekedi, chef de l'Union pour la démocratie et le progrès social, le parti d'opposition radicale au maréchal Mobutu, n'en fait pas partie bien qu'il se considère toujours comme le seul chef de gouvernement légitime depuis son élection à ce poste, en août 1992.

Le 23, les partisans d'Étienne Tshisekedi organisent des manifestations contre la dérive dictatoriale du pouvoir de Laurent-Désiré Kabila et contre le « gouvernement de Rwandais » mis en place par celui-ci.

Le 26, les nouvelles autorités interdisent les manifestations publiques, qui se poursuivent toutefois, ainsi que l'activité des partis politiques.

Le 28, le président autoproclamé s'arroge la totalité des pouvoirs exécutif, législatif et militaire.

Le 29, Laurent-Désiré Kabila prête serment en présence des présidents du Rwanda, du Burundi, de l'Ouganda, de la Zambie et de l'Angola. Il présente un calendrier électoral qui prévoit l'organisation d'élections générales en avril 1999.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

Événements précédents

  • 2-27 avril 1997 Zaïre. Conquête de Lubumbashi par l'A.F.D.L

    Le 2, le président Mobutu Sese Seko nomme au poste de Premier ministre, en application de la Constitution de transition, le candidat de l'opposition Étienne Tshisekedi, dont la désignation a été avalisée par la mouvance présidentielle. Étienne Tshisekedi avait été nommé à ce poste par la Conférence nationale...

  • 5-27 mars 1997 Zaïre. Chute de Kisangani et démission du Premier ministre

    Le 5, Kinshasa accepte le plan de paix de l'O.N.U. adopté en février – qui préconise notamment un cessez-le-feu –, afin de retarder les effets de sa déroute militaire face à l'avancée des rebelles de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre, dirigés par Laurent-Désiré Kabila....

  • 3-18 février 1997 Zaïre. Avancée des rebelles

    Le 3, les rebelles de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre, dirigés par Laurent-Désiré Kabila, conquièrent la ville de Kalémié, sur le lac Tanganyika, prenant ainsi pied dans la province minière du Shaba, après celles du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et du Haut-Zaïre. Laurent-Désiré...

  • 20 janvier 1997 Zaïre. Annonce d'une contre-offensive

    Le 20, dans un « message à la nation », le Premier ministre Léon Kengo Wa Dondo, en l'absence du président Mobutu Sese Seko qui est reparti en France pour y recevoir des soins, « ordonne » à l'armée « de conduire la guerre et de recouvrer les régions actuellement occupées » par les rebelles tutsi de...

  • 1er-24 décembre 1996 Zaïre. Retour du président Mobutu et constitution d'un gouvernement de crise

    Le 1er, les autorités accusent l'Ouganda de soutenir militairement la rébellion tutsi des Banyamulenge engagée en septembre dans l'est du pays et qui bénéficie déjà du soutien du Rwanda. Les rebelles dirigés par Laurent-Désiré Kabila continuent de faire reculer l'armée zaïroise, tandis que des centaines...

  • 9-29 novembre 1996 Zaïre. Controverse autour de l'envoi d'une force multinationale et départ d'une partie des réfugiés

    Le 9, sur l'initiative de la France, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte une résolution « intérimaire » qui ouvre la voie à une intervention internationale au Zaïre, sans toutefois prendre de décision concrète, en raison des réticences des États-Unis. Les centaines de milliers de réfugiés, majoritairement...

  • 18-29 octobre 1996 Zaïre. Rébellion tutsi dans l'Est

    Le 18, de violents combats opposent l'armée zaïroise à des rebelles banyamulenge dans la région d'Uvira, le long de la frontière burundaise. Des affrontements sporadiques entre les soldats et ces Tutsi, originaires du Rwanda mais installés au Zaïre depuis deux siècles, se produisent depuis le début de...

  • 16-29 août 1995 Zaïre. Expulsion massive de réfugiés hutu

    Le 16, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte la résolution 1011 qui prévoit de suspendre pour un an l'embargo sur les livraisons d'armes au Rwanda décidé en mai 1994 à l'encontre de l'ancien régime à majorité hutu.

    Le 19, craignant que cette décision n'empêche de...

  • 12 mai 1995 Zaïre. Rapport de l'Organisation mondiale de la santé sur le virus Ebola

    Le premier rapport des experts de l'Organisation mondiale de la santé confirme la responsabilité du virus Ebola dans l'épidémie de fièvre hémorragique qui frappe depuis le début d'avril la ville de Kikwit, à l'est de Kinshasa. Le virus avait été identifié en 1976 à l'occasion d'une première épidémie...

  • 14 juin 1994 Zaïre. Élection de Joseph Kengo Wa Dondo au poste de Premier ministre

    Le 14, cinq mois après l'accord entre la Mouvance présidentielle et l'Union sacrée de l'opposition radicale qui avait abouti à la démission du Premier ministre Faustin Birindwa, le Haut Conseil de la République-Parlement de transition élit à ce poste Joseph Kengo Wa Dondo, ancien Premier ministre du...