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4-30 mars 2018

Royaume-Uni - Russie. Tentative d’assassinat d’un ancien espion russe

Le 4, l’ancien espion russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia sont victimes d’une tentative d’assassinat à Salisbury (Wiltshire), par exposition à une substance toxique. Un policier est également contaminé. En novembre 2006, l’ancien agent du FSB Alexandre Litvinenko, qui dénonçait les pratiques de Moscou, avait été empoisonné à Londres au polonium 210, un isotope radioactif produit en Russie. En janvier 2016, l’enquête britannique avait abouti à la conclusion que le Kremlin avait « probablement approuvé » cet assassinat. Recruté par les services britanniques en 1995, Sergueï Skripal avait été condamné pour haute trahison en Russie en août 2006, puis échangé en juillet 2010 contre des agents russes arrêtés aux États-Unis. Il s’était réfugié au Royaume-Uni.

Le 11, les autorités sanitaires annoncent la découverte à Salisbury de traces de contamination par un agent innervant.

Le 12, la Première ministre Theresa May déclare devant la Chambre des communes qu’« il est très probable que la Russie soit responsable » de l’attentat contre Sergueï Skripal et sa fille. L’agent innervant a été identifié comme une substance appartenant au groupe des agents « Novitchok » développés par l’Union soviétique dans les années 1970 et 1980. Theresa May exige une « réponse crédible » de la part de l’ambassadeur russe à Londres et la communication du programme « Novitchok » à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.

Le 12 également, un autre exilé russe, Nikolaï Glouchkov, est retrouvé mort à Londres. Ancien directeur de la compagnie aérienne russe Aeroflot, condamné dans son pays pour détournements de fonds, il s’était réfugié au Royaume-Uni après s’être évadé de prison. Il était proche de l’oligarque et opposant au Kremlin Boris Berezovski, lui-même retrouvé pendu à son domicile au Royaume-Uni en mars 2013.

Le 13, la ministre de l’Intérieur Amber Rudd annonce la réouverture des enquêtes relatives à la mort dans des circonstances suspectes, au Royaume-Uni, depuis 2006, de quatorze personnes, des hommes d’affaires russes et leurs partenaires britanniques.

Le 14, Theresa May, considérant « l’État russe comme coupable » des tentatives d’assassinat à Salisbury, annonce l’expulsion de vingt-trois diplomates russes.

Le 15, dans une déclaration conjointe inhabituelle, les chefs d’État et de gouvernement du Royaume-Uni, des États-Unis, de la France et de l’Allemagne, affirmant qu’il est « hautement probable que la Russie soit responsable de l’attaque », dénoncent « le premier emploi offensif d’un agent neurotoxique en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale », ainsi qu’une « atteinte à la souveraineté britannique » et une violation de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.

Le 18, jour de sa réélection, le président russe Vladimir Poutine qualifie les accusations occidentales de « grand n’importe quoi ».

Le 26, les États-Unis, seize pays membres de l’Union européenne et six pays alliés dont le Canada et l’Australie annoncent à leur tour l’expulsion de diplomates russes. Washington, notamment, en expulse soixante et ordonne la fermeture du consulat russe de Seattle. Quelque cent cinquante diplomates russes seront informés de leur expulsion avant la fin du mois, mouvement sans précédent.

Le 29, Moscou annonce l’expulsion de soixante diplomates américains et la fermeture du consulat américain à Saint-Pétersbourg.

Le 30, la Russie poursuit sa réponse « symétrique » aux actions occidentales en annonçant l’expulsion de cinquante-huit diplomates, en majorité européens.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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