4-30 novembre 2004
Côte d'Ivoire. Violences antifrançaises et évacuation des ressortissants étrangers
Le 4, l'aviation ivoirienne effectue des raids contre les villes rebelles de Bouaké et de Korhogo, dans le nord du pays, rompant le cessez-le-feu mis en place au début de 2003. La France exprime son « extrême préoccupation ». Les quatre mille cinq cents soldats français de l'opération Licorne veillent au respect de la « zone de confiance » séparant le pays en deux, que contrôlent les casques bleus de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (O.N.U.C.I.).
Le 5, les forces ivoiriennes bombardent à nouveau des positions rebelles.
Le 6, l'attaque aérienne d'un poste français à Bouaké cause la mort de neuf soldats de Licorne et d'un civil américain. Sur ordre du président Chirac, les forces françaises ripostent en détruisant quatre chasseurs Sukhoï et cinq hélicoptères de combat qui constituent la quasi-totalité des forces aériennes ivoiriennes. Des dizaines de milliers de manifestants, parmi lesquels de nombreux « patriotes », s'en prennent alors aux intérêts français à Abidjan, à l'appel de personnalités proches du pouvoir. Les pillages et les exactions visant des Français obligent les militaires de Licorne à intervenir pour évacuer les personnes les plus menacées.
Le 7, un communiqué du Quai d'Orsay rappelle que la France est présente en Côte d'Ivoire pour « sécuriser » le pays et non pour le « déstabiliser ». Dans une allocution télévisée, le président ivoirien Laurent Gbagbo exprime ses « regrets » pour l'« incident » de Bouaké. Il justifie la rupture du cessez-le-feu par l'« impasse » du processus de paix et par le « pillage » des ressources du pays par les rebelles.
Le 9, des affrontements meurtriers éclatent à Abidjan lorsque des soldats français stationnés autour de l'hôtel Ivoire, dans le quartier résidentiel de Cocody, et assiégés par des « patriotes » qui les accusent de fomenter un coup d'État, tentent de quitter les lieux.
Le 10, les premiers ressortissants français évacués par les hommes de Licorne sont rapatriés. Jacques Chirac exhorte les autorités ivoiriennes à « assumer leurs responsabilités en matière d'ordre public ». Laurent Gbagbo promet un « retour à la normale » dans les quarante-huit heures.
Le 13, le président Gbagbo nomme au poste de chef d'état-major des armées le colonel Philippe Mangou, qui a orchestré les opérations militaires du début du mois.
Le 14, alors que quelque quatre mille deux cent cinquante étrangers ont été évacués de Côte d'Ivoire en cinq jours, Jacques Chirac met en garde contre la « dérive fasciste » du régime ivoirien en cas de retrait des troupes françaises, éventualité qu'il écarte. Laurent Gbagbo qualifie ce propos d'« insulte » et fustige l'arrogance des militaires français.
Le 15, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte à l'unanimité la résolution 1572, qui impose un embargo sur les ventes d'armes à la Côte d'Ivoire.
Le 30, Paris reconnaît qu'une « vingtaine » d'Ivoiriens, civils et militaires, ont été tués par les militaires français entre le 6 et le 9, tandis qu'Abidjan dénombre de son côté cinquante-sept civils tués.