4-31 août 2020
Liban. Explosion dévastatrice et meurtrière dans le port de Beyrouth.
Le 4, une puissante déflagration précédée d’une première explosion secoue le port de Beyrouth, proche du centre-ville, et dévaste la capitale, faisant au moins cent quatre-vingt-dix morts et des milliers de blessés, et détruisant ou endommageant de nombreux immeubles. La déflagration est ressentie jusqu’à Chypre, distante de deux cents kilomètres. Le Premier ministre Hassan Diab, s’exprimant devant le conseil de défense, confirme que la déflagration a été causée par l’explosion d’un stock de deux mille sept cent cinquante tonnes de nitrate d’ammonium, un engrais azoté, entreposé « depuis six ans dans un entrepôt sans mesures de précaution ». Ce drame frappe un pays confronté depuis le printemps à une profonde crise financière qui affecte gravement le niveau de vie de la population. L’aide humanitaire internationale est mobilisée, alors que deux cent cinquante mille personnes se retrouvent sans abri.
Le 5, le gouvernement décrète l’état d’urgence qui confère à l’armée des pouvoirs étendus. Celle-ci interpelle une vingtaine de personnes responsables de la gestion de l’entrepôt où était stocké le nitrate d’ammonium.
Le 6, le président français Emmanuel Macron se rend à Beyrouth sur les lieux du drame et se mêle à la population. Rencontrant les autorités politiques, les chefs des factions communautaires et des représentants de la société civile, il préconise l’établissement d’un « nouveau pacte politique », dénonçant les dérives du confessionnalisme et la « corruption organisée ».
Le 7, le président Michel Aoun et son allié le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah refusent l’ouverture d’une enquête internationale sur le drame, prônée la veille par le président français. Une enquête sera confiée au commissaire du gouvernement auprès du tribunal militaire.
Le 8, Hassan Diab évoque l’organisation d’élections anticipées. L’opposition exige l’adoption préalable d’une nouvelle loi électorale.
Les 8 et 9, des milliers de personnes manifestent leur colère envers la classe politique dans les rues de la capitale. Les rassemblements sont violemment réprimés par les forces de l’ordre. Un mouvement de contestation secoue le pays depuis octobre 2019.
Le 9, la ministre de l’Information Manal Abdel Samad et le ministre de l’Environnement et du Développement administratif Damien Kattar annoncent leur démission. Plusieurs députés ont également démissionné.
Le 9 également, une trentaine de pays et d’organisations internationales promettent une aide d’urgence de plus de 250 millions d’euros au Liban, lors d’une visioconférence organisée par la France et l’ONU, exigeant que celle-ci soit « fournie directement à la population libanaise, avec le maximum d’efficacité et de transparence ». Ils conditionnent l’aide à la reconstruction du pays à la mise en œuvre de réformes institutionnelles.
Le 10, Hassan Diab présente la démission de son gouvernement, à la suite du retrait du ministre des Finances Ghazi Wazni et de la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm. Il dénonce la « bataille inégale » que son cabinet de « technocrates » a dû mener contre les forces politiques qui ont notamment contesté son plan de sauvetage destiné à obtenir le soutien du FMI.
Le 31, le président Aoun nomme l’universitaire et diplomate Mustapha Adib au poste de Premier ministre. Celui-ci annonce la nomination d’un cabinet d’« experts » chargé de conduire des « réformes » et de conclure un accord avec le FMI. Après Michel Aoun et Hassan Nasrallah la veille, Nabih Berri, président du Parlement et chef du mouvement chiite Amal, se prononce à son tour en faveur d’une réforme du système confessionnel qui régit la vie politique nationale. Les trois hommes représentent les trois piliers de la majorité au pouvoir.