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4-31 janvier 1982

États-Unis - U.R.S.S.. Tension accrue dans les rapports Est-Ouest et remise en question du modèle soviétique par les P.C. italien et espagnol

Le 4, les ministres des Affaires étrangères des dix pays membres de la Communauté européenne, réunis à Bruxelles, « lancent un appel pressant pour que les autorités polonaises lèvent la loi martiale, libèrent les personnes arrêtées et restaurent un dialogue réel avec l'Église et Solidarité ». Le passage de la déclaration des Dix dénonçant « l'incapacité des systèmes totalitaires, tels que ceux de l'Europe de l'Est », à répondre « aux aspirations les plus légitimes de la population » est désavoué par la Grèce.

Les 4 et 5, le chancelier Schmidt s'entretient à Washington avec le président Reagan de l'attitude à adopter face aux Soviétiques. Cette rencontre permet un certain rapprochement entre les deux hommes d'État, puisque le communiqué commun reconnaît « la responsabilité de l'U.R.S.S. dans les événements de la Pologne ». Les Allemands de l'Ouest refusent cependant de s'associer aux sanctions américaines.

Le 11, les ministres des Affaires étrangères des quinze pays membres du Conseil atlantique « condamnent l'imposition de la loi martiale en Pologne », dénoncent « la rigidité des régimes des pays du pacte de Varsovie » et énumèrent plusieurs sanctions possibles contre Varsovie et Moscou, tout en laissant chaque pays agir « selon sa situation et sa législation propres ». Pour la première fois dans une déclaration de l'O.T.A.N., des « réserves » sont consignées, à la demande de la Grèce, qui rejette toute condamnation globale et toute sanction.

Le 11, Santiago Carrillo, secrétaire général du Parti communiste espagnol, estime que « l'organisation du mouvement ouvrier révolutionnaire autour de l'U.R.S.S. est définitivement morte » et propose une nouvelle « articulation internationale qui dépasse la scission historique entre socialistes et communistes et qui intègre les mouvements de libération du Tiers Monde ».

Du 11 au 13, le comité central du Parti communiste italien est réuni à Rome. Il approuve, par 217 voix contre une et deux abstentions, un document condamnant l'évolution des événements en Pologne et critiquant sévèrement le modèle de socialisme soviétique. Enrico Berlinguer, secrétaire général du P.C.I., propose d'inventer une « troisième voie » entre le « socialisme réalisé » et la social-démocratie.

Le 13, Helmut Schmidt se rend à Paris pour rencontrer François Mitterrand et mettre fin aux rumeurs de désaccord entre Paris et Bonn qui avaient été répandues par la presse des deux pays en raison de la ligne de conduite conciliante adoptée par le gouvernement fédéral depuis le 13 décembre.

Le 16, le pape Jean-Paul II, après avoir précisé que l'Église se place au-dessus des partis, estime qu'« on devrait dénoncer tout ce qui porte atteinte à la libre expression de la volonté des nations », en particulier les « sphères d'hégémonie » nées des accords de Yalta.

Le 24, la Pravda affirme que la ligne définie par les communistes italiens « équivaut à une assistance directe à l'impérialisme qui s'ingénie depuis des décennies à affaiblir le socialisme ». En réponse, le P.C.I. critique le refus du dialogue et de la discussion qui confirme, selon lui, que Moscou exclut toute « véritable démocratie politique ».

Le 26, Alexander Haig et Andreï Gromyko se rencontrent à Genève. À la demande du secrétaire d'État américain, les entretiens, qui devaient durer deux jours, ont été ramenés à une journée. Alors que l'Union soviétique se déclare prête à rouvrir les négociations sur la réduction des armements stratégiques, les États-Unis lient leur reprise à un geste de Moscou en faveur de la Pologne.

Le 31, une émission télévisée américaine sur la Pologne est diffusée en mondovision dans une cinquantaine de pays, dont une dizaine seulement la retransmettent intégralement. Cette émission, à laquelle participent quinze chefs d'État ou de gouvernement occidentaux et plusieurs artistes célèbres, a été réalisée à la demande du président Reagan.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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