4-31 mars 1981
Pologne. Persistance de la tension, manifestation antisémite, manœuvres des forces du pacte de Varsovie
Le 4, à l'issue du XXVIe congrès du parti communiste soviétique, la délégation polonaise rencontre, au Kremlin, les dirigeants du P.C.U.S. Le communiqué final exprime la certitude qu'ont les Soviétiques « que les communistes polonais ont les possibilités et les forces de renverser le cours des événements ». Il est d'autre part rappelé que « la protection de la communauté socialiste est l'affaire de toute la coalition socialiste ». Les 5 et 6, Jacek Kuron et Adam Michnik, animateurs du Comité d'autodéfense sociale (K.O.R.) et conseillers de Solidarité, sont placés sous surveillance policière.
Le 8, une manifestation antisémite se déroule à Varsovie, en vue de discréditer plusieurs autres membres du K.O.R. Ces actions semblant être télécommandées par Moscou, le crédit du gouvernement du général Wojciech Jafuzełski s'en trouve affaibli d'autant.
Le 10, une entrevue entre Lech Wałesa et le Premier ministre apaise un peu la tension. Le leader de Solidarité parvient, le 16, à faire rapporter l'ordre de grève donné pour le 18, à Radom. Le même jour commencent, sur le territoire polonais, les grandes manœuvres des forces du pacte de Varsovie, qui ne cesseront, pendant tout le reste du mois, de faire peser la menace de la présence militaire des « pays frères ».
Le 19, de violents incidents éclatent à Bydgoszcz, entre syndicalistes et forces de l'ordre. Plusieurs dizaines de personnes sont blessées, et trois militants de Solidarité, dont un membre de la commission nationale, malmenés par la milice, doivent être hospitalisés. Immédiatement, l'« état de préparation à la grève » est décrété dans le pays. Lech Wałesa annule la visite qu'il devait faire en France, du 22 au 29, sur l'invitation de la C.F.D.T. Des négociations s'engagent entre Solidarité et le gouvernement, tandis que Washington informe Moscou que toute intervention « dans les affaires internes » de la Pologne aurait les « conséquences les plus graves ».
Le 25, les Dix, réunis en conseil européen à Maastricht, publient une déclaration constatant que « la Pologne est capable de faire face à ses problèmes intérieurs [...] sans ingérence extérieure ». Le même jour, Solidarité lance un mot d'ordre de grève générale pour le 31.
Le 26, la démission d'Edward Berger, président du conseil régional de Bydgoszcz, bien qu'elle satisfasse à une des revendications de Solidarité, ne parvient pas à détendre l'atmosphère.
Le 27, une grève d'avertissement de quatre heures remporte un succès massif. Les pourparlers entre le syndicat et le gouvernement n'avançant pas, le plénum du comité central se réunit à Varsovie le 29. Poussés par la base, les partisans d'un compromis finissent par l'emporter.
Le 30, Lech Wałesa signe avec le vice-Premier ministre Mieczysław Rakowski un accord considéré comme « satisfaisant à 70 p. 100 » et annule le mot d'ordre de grève générale pour le lendemain.
Le 31, la commission nationale de Solidarité entérine l'accord, bien que l'amertume d'être placés devant le fait accompli soit grande chez les syndicalistes.