4 janvier-9 février 2021
France. Accusation d’inceste portée contre le politiste Olivier Duhamel
Le 4, le quotidien Le Monde publie une enquête sur les faits révélés par la juriste Camille Kouchner dans son livre intitulé La Familia grande, qui paraîtra le 7. Celle-ci y dénonce l’inceste dont son frère jumeau a été victime à l’adolescence, à la fin des années 1980, de la part de leur beau-père, le politiste Olivier Duhamel. Les faits, qui sont prescrits, étaient connus de la famille et d’une partie des proches de celle-ci depuis une douzaine d’années. Olivier Duhamel annonce sa démission de la présidence de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) et du cercle de réflexion Le Siècle. La chaîne LCI annonce son retrait de l’antenne.
Le 5, le directeur de l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), géré par la FNSP, Frédéric Mion, fait part de sa « stupeur ». Il s’avèrera qu’il avait été alerté dès 2018, mais il affirmera avoir été convaincu qu’il s’agissait de « rumeurs ».
Le 5 également, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire contre Olivier Duhamel pour « viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur de quinze ans ».
Le 7, Frédéric Mion exclut de démissionner, comme le lui demandent certains représentants des étudiants de Sciences Po, estimant n’avoir « à aucun moment contribué à l’édification du silence ».
Le 13, l’ancienne garde des Sceaux Élisabeth Guigou, proche d’Olivier Duhamel, déclare renoncer à la présidence de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, créée en décembre 2020. L’ancien secrétaire général du gouvernement et actuel préfet d’Île-de-France Marc Guillaume, également proche du politiste, annonce sa démission du conseil d’administration de la FNSP, ainsi que du club Le Siècle.
Le 16, le lancement du hashtag #MeTooInceste sur Twitter, par des militantes du collectif #NousToutes, suscite rapidement des dizaines de milliers de témoignages.
Le 23, le président Emmanuel Macron salue dans une vidéo le « courage » des victimes d’inceste qui témoignent sur les réseaux sociaux. Il affirme la nécessité, sur le plan pénal, d’« adapter notre droit pour mieux protéger ». De nombreuses voix appellent au renforcement de la loi sur les violences sexistes et sexuelles d’août 2018 qui a porté le délai de prescription des abus sexuels sur mineur à trente ans, à compter de la majorité de la victime. L’affaire Duhamel intervient alors que deux propositions de loi sont inscrites à l’agenda parlementaire, dont l’une vise à créer une infraction autonome de viol sur mineur de treize ans et l’autre à sanctionner les relations sexuelles entre un majeur et un mineur de quinze ans, et à fixer l’âge de non-consentement à dix-huit ans pour les infractions sexuelles commises par un ascendant.
À partir du 8 février, le hashtag #SciencesPorcs, lancé sur Twitter par la blogueuse féministe Anna Toumazoff, réunit des dizaines de témoignages d’agressions sexuelles subies et dénoncées par des étudiantes de Sciences Po qui estiment ne pas avoir été suffisamment accompagnées par la direction de leur établissement.
Le 9, Frédéric Mion annonce sa démission de la direction de Sciences Po Paris, assumant « des erreurs de jugement » dans l’affaire Duhamel, ainsi que des « incohérences » dans la manière dont il s’est exprimé à ce sujet.