5-12 octobre 2021
France. Publication du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église catholique
Le 5, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) remet son rapport à ses mandataires, la Conférence des évêques de France (CEF) et la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF). La CIASE a été créée en novembre 2018 sous la pression des collectifs de victimes. Elle est présidée par Jean-Marc Sauvé, ancien vice-président du Conseil d’État. Son rapport établit que « l’Église catholique est, hormis les cercles familiaux et amicaux, le milieu où la prévalence des violences sexuelles est la plus élevée » en France. Il estime à deux cent seize mille le nombre de personnes à avoir été, entre 1950 et 2020, victimes durant leur minorité de violences sexuelles de la part de membres du clergé, chiffre qui passe à trois cent trente mille si l’on tient compte des agressions commises par des laïcs liés à l’Église. La CIASE indique que « l’institution ecclésiale n’a clairement pas su prévenir ces violences, ni simplement les voir, et moins encore les traiter avec la détermination et la justesse requises ». Elle relève que le droit canon ne répond pas « aux standards du procès équitable et aux droits de la personne humaine ». Le rapport dénonce « l’excessive sacralisation de la personne du prêtre », « la survalorisation du célibat », « le dévoiement de l’obéissance lorsqu’elle confine à l’oblitération de la conscience » et « la vision excessivement taboue de la sexualité ». La CIASE conclut que l’Église doit « endosser une responsabilité à caractère à la fois individuel et systémique ». Elle se prononce en faveur d’un mécanisme d’indemnisation individualisée des victimes, confié à un organisme indépendant et abondé par les agresseurs et par l’Église. En outre, elle suggère une réforme de la gouvernance de l’Église et prône « une vaste remise à niveau du droit canonique en matière pénale », ainsi que « la reconnaissance de la prééminence » de la justice pénale étatique, dénonçant le fait que le principe du secret de la confession puisse interdire aux prêtres de signaler des violences sexuelles sur mineur ou majeur vulnérable. Le président de la CEF et archevêque de Reims Éric de Moulins-Beaufort exprime sa « honte », son « effroi » et sa « détermination à agir », sentiments partagés par son homologue de la CORREF Véronique Margron. De son côté, le pape François fait part de sa « douleur » et de son « immense chagrin » face à l’« effroyable réalité ».
Le 6, Éric de Moulins-Beaufort déclare, sur France Info, que « le secret de la confession […] est plus fort que les lois de la République ».
Le 12, Éric de Moulins-Beaufort, invité à s’expliquer par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, revient sur ses propos, estimant qu’« un travail est nécessaire pour concilier la nature de la confession et la nécessité de protéger les enfants ».