5-19 novembre 2023
France. Marche contre l’antisémitisme.
Le 5, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin annonce sur France 2 que plus de mille actes antisémites ont été recensés dans le pays depuis l’attaque d’Israël par le Hamas, en octobre – soit deux fois plus que pour l’ensemble de l’année 2022 –, et que ceux-ci ont donné lieu à près de cinq cents interpellations. Le 3, le Conseil de la sécurité nationale israélien avait recommandé aux ressortissants de l’État hébreu d’éviter les déplacements à l’étranger en raison du risque d’« attaques qui peuvent mettre en danger la vie des Israéliens à travers le monde ».
Le 5 également, le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella déclare sur BFM-TV : « Je ne crois pas que [l’ancien président du Front national (FN)] Jean-Marie Le Pen était antisémite. » Ce dernier a été condamné à six reprises, entre 1969 et 2012, pour des propos jugés antisémites ou négationnistes. Faisant allusion à l’un d’eux, Jordan Bardella ajoute que, de son point de vue, « la Shoah n’est pas un point de détail de l’histoire ».
Le 7, estimant que « la République est en danger », les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, appellent, dans une tribune publiée sur le site du Figaro, à une marche contre l’antisémitisme. Marine Le Pen et Jordan Bardella annoncent leur intention d’y participer, alors que le chef du groupe RN à l’Assemblée nationale Jean-Philippe Tanguy accuse le gouvernement de ne pas protéger les juifs français de l’« hydre antisémite » incarnée par l’« islamisme ». De son côté, le secrétaire général de Renaissance Stéphane Séjourné appelle « les organisateurs [de la marche] et les partis politiques qui y participeront à ne pas être les complices de la banalisation d’un parti fondé par des antisémites ». La France insoumise (LFI) indique son refus de défiler « au côté d’un parti qui trouve ses origines dans l’histoire de la collaboration avec le nazisme ». La veille, le fondateur de LFI, Jean-Luc Mélenchon, avait quant à lui dénoncé le « prétexte d’antisémitisme » brandi par « les amis du soutien inconditionnel au massacre [des Palestiniens] ».
Le 9, le ministère des Affaires étrangères dénonce l’implication du réseau de désinformation russe Doppelgänger dans la propagation massive des images d’étoiles de David taguées sur certains murs de la capitale et de sa banlieue depuis le 7 octobre. La recherche des auteurs de ces tags fait l’objet d’une enquête judiciaire.
Le 11, une cinquantaine de militants d’ultradroite attaquent un local associatif de Lyon (Rhône) où se déroule une conférence sur la situation à Gaza, organisée par le Collectif 69 Palestine.
Le 12, plus de cent quatre-vingt mille personnes participent à la marche contre l’antisémitisme organisée à Paris et dans soixante-dix villes du pays. Dans la capitale, les représentants de l’extrême droite demeurent en queue de cortège. LFI boycotte l’événement, mais certains de ses élus défilent à Strasbourg où l’extrême droite a été exclue du rassemblement. De son côté, le président Emmanuel Macron soutient, sans y participer, la marche où la Première ministre Élisabeth Borne est présente.
Le 14, quelques dizaines de députés du groupe d’amitié France-Israël assistent à l’Assemblée nationale à la projection d’une vidéo des massacres commis par le Hamas en Israël le 7 octobre, produite par les autorités israéliennes. D’autres élus, de gauche comme de droite, refusent de la visionner.
Le 15, Emmanuel Macron, dont le manque de clarté sur le conflit entre Israël et le Hamas a été critiqué, défend, lors d’une visite en Suisse, la position « équilibrée » de la France : « Nous reconnaissons le droit d’Israël de se défendre et de lutter contre le terrorisme, mais […] ce droit à se défendre doit s’inscrire dans le cadre du droit international humanitaire et en respectant les règles de la guerre. »
Le 19, Emmanuel Macron s’inquiète auprès du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou des « trop nombreuses pertes civiles » dans la bande de Gaza et de « la montée des violences contre les civils palestiniens » en Cisjordanie occupée. Il lui rappelle la « nécessité absolue de distinguer les terroristes de la population » et « l’importance d’instaurer une trêve humanitaire devant mener à un cessez-le-feu ».
Le 19 également, une marche pour la paix organisée sur l’initiative d’un collectif issu du monde de la culture, en réponse à l’« injonction de choisir un camp à détester », réunit entre quinze et vingt mille personnes à Paris.