5-23 décembre 2005
France. Débat sur la loi et l'Histoire
Le 5, le poète et homme politique martiniquais Aimé Césaire déclare dans un communiqué qu'il ne souhaite pas rencontrer le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, lors de la visite programmée par ce dernier dans les Antilles, afin de ne pas cautionner la loi du 23 février 2005 « portant reconnaissance de la nation en faveur des Français rapatriés », dont l'article 4 préconise que les manuels scolaires rendent compte du « rôle positif de la présence française outre-mer ». À la suite du président algérien Abdelaziz Bouteflika, diverses organisations ont déjà critiqué cette loi qu'elles accusent de magnifier la colonisation française.
Le 7, Nicolas Sarkozy, averti d'un risque de manifestations hostiles à son égard, annonce le report de son voyage aux Antilles en évoquant des « malentendus » liés à la loi du 23 février.
Le 8, le Premier ministre Dominique de Villepin souligne que « ce n'est pas au Parlement d'écrire l'Histoire ».
Le 9, le président Chirac surenchérit dans une déclaration officielle: « L'écriture de l'Histoire, c'est l'affaire des historiens. » Il charge le président de l'Assemblée nationale Jean-Louis Debré de « constituer une mission pluraliste pour évaluer l'action du Parlement dans les domaines de la mémoire et de l'Histoire ».
Le 12, dix-neuf historiens réclament dans un communiqué l'abrogation des textes légiférant dans leur domaine de recherche – loi de juillet 1990 réprimant la négation des crimes contre l'humanité, loi de janvier 2001 reconnaissant le génocide arménien, loi de mai 2001 sur la reconnaissance de l'esclavage et de la traite des Noirs comme des crimes contre l'humanité, loi de février 2005... – qui « ont restreint la liberté de l'historien ».
Le 15, les dirigeants de l'ensemble des partis de gauche présentent une pétition en faveur de l'abrogation de l'article 4 de la loi du 23 février. Ils défendent toutefois le « devoir de mémoire » que la représentation politique se doit, selon eux, d'accomplir.
Le 23, le quotidien Libération annonce que Nicolas Sarkozy, en tant que président de l'U.M.P., a chargé l'avocat Arno Klarsfeld de mener « un travail approfondi sur la loi, l'Histoire et le devoir de mémoire ».