5-23 octobre 1989
Hongrie. Évolution vers la démocratie parlementaire
Le 5, le Parti socialiste ouvrier hongrois (P.S.O.H., communiste) se réunit en congrès extraordinaire à Budapest. Devant une situation qui consacre de plus en plus la faillite du communisme dans le pays, il s'agit de décider dans quelle direction le parti doit évoluer pour éviter de perdre définitivement tout crédit.
Le 7, par une majorité de 80 p. 100, le P.S.O.H. décide de se transformer en Parti socialiste hongrois (P.S.H.), abandonnant toute référence au marxisme-léninisme, au rôle dirigeant du parti, ainsi qu'à la dictature du prolétariat et opérant ainsi une mutation vers un parti de type social-démocrate.
Le 9, Rezsö Nyers, âgé de soixante-six ans et qui présidait déjà le P.S.O.H., est élu à la tête du P.S.H. Pendant le congrès, il a tout fait pour éviter la rupture entre les différentes tendances du parti. Mikhaïl Gorbatchev est le premier chef d'État étranger à le féliciter, tandis que l'événement est passé sous silence en Roumanie et critiqué en Tchécoslovaquie.
Le 18, le Parlement hongrois, dont plus des trois quarts des élus sont des membres de l'ancien parti unique, adopte, par 333 voix contre 5 et 8 abstentions, une loi fondamentale réformant la Constitution de 1949 et ouvrant la voie au retour au multipartisme. La « république socialiste et populaire de Hongrie » devient la « république de Hongrie », qui reconnaît les « valeurs de la démocratie bourgeoise et du socialisme démocratique ». Les modifications de la Constitution codifient la séparation des pouvoirs, les droits de l'homme et les droits civiques, et créent la fonction de président de la République.
Le 19, le Parlement légalise les partis d'opposition et, le lendemain, vote une nouvelle loi électorale autorisant les premières élections législatives libres et multipartites depuis 1947, qui doivent avoir lieu au cours du premier semestre de 1990. Enfin, la milice ouvrière, bras armé de l'ancien P.S.O.H., est dissoute.
Le 23, la quatrième « république de Hongrie » est officiellement proclamée, le jour même où des dizaines de milliers de Hongrois célèbrent librement, et dans l'émotion, le trente-troisième anniversaire du soulèvement de 1956, écrasé par les chars soviétiques.