5-24 avril 1986
France. Dévaluation du franc et adoption d'un collectif budgétaire
Le 5, les ministres de l'Économie et des Finances des Douze réunis à Ootmarsum (Pays-Bas) envisagent, à la demande de la France, un réajustement des parités des huit monnaies appartenant au système monétaire européen (S.M.E.).
Le 6, au terme de négociations serrées, un accord est conclu : le franc français est dévalué de 3 p. 100, le mark et le florin sont réévalués de 3 p. 100, la couronne danoise, les francs belges et luxembourgeois de 1 p. 100. Tandis que le ministre français de l'Économie se félicite de ce réaménagement « exemplaire », réalisé « à froid », Pierre Joxe, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, le qualifie de « mauvais coup porté à la France ». Édouard Balladur annonce d'autre part des mesures économiques d'accompagnement, dont la libération partielle du contrôle des changes et des prix industriels.
Le dimanche 13, Jacques Chirac réunit ses ministres à l'hôtel Matignon, afin de mettre au point un projet de loi de finances rectificative concernant le budget de 1986.
Le 16, le Conseil des ministres adopte le « collectif » budgétaire, qui modifie très peu les équilibres arrêtés à la fin de 1985 : le déficit prévu est de 144 milliards, au lieu de 145,2. Mais cette relative stabilité dissimule des modifications importantes : 21,1 milliards de francs de dépenses supplémentaires (aides à l'industrie : 6 milliards pour la sidérurgie, 2 milliards pour la régie Renault ; 4 milliards d'exonérations de charges sociales pour les entreprises embauchant des jeunes), financées par 10 milliards d'économies (blocage des salaires du secteur public, suppression de 2 000 emplois publics, ralentissement des grands chantiers du président, etc.), et plus de 10 milliards de ressources nouvelles (cession d'actifs d'entreprises publiques, taxation des sommes gagnées au Loto, etc.). D'autres mesures sont prévues : amnistie fiscale et douanière accordée aux capitaux rapatriés, rétablissement de l'anonymat sur les achats et ventes d'or, suppression de l'impôt sur les grandes fortunes, etc. Elles visent à rétablir un climat de confiance : « nous devons rendre aux entreprises le goût du risque et la volonté d'entreprendre », affirme Édouard Balladur, tandis que Pierre Bérégovoy dénonce la « multiplication des cadeaux pour certaines catégories sociales favorisées ».
Le 24, le projet de loi de finances rectificative est examiné par la commission des finances de l'Assemblée nationale. Alain Juppé, ministre délégué au Budget, précise, à cette occasion, que le montant prévisionnel du déficit doit être majoré de 16,7 milliards de francs pour tenir compte des insuffisances de dotation constatées pour certains postes, « trous » que conteste vivement l'opposition socialiste.