Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

5-26 juin 2023

Russie. Rébellion d’Evgueni Prigojine, chef du groupe paramilitaire Wagner

Le 5, une vidéo postée par le groupe paramilitaire russe Wagner montre un officier supérieur russe retenu prisonnier et molesté par des miliciens qui l’accusent d’avoir délibérément ordonné un tir d’artillerie sur leur position dans la zone de Bakhmout (oblast de Donetsk), en mai. Evgueni Prigojine, chef du groupe Wagner, fustige depuis près d’un an l’incompétence et la corruption du haut commandement militaire, lui reprochant notamment de ne pas lui avoir fourni suffisamment de munitions lors de la bataille de Bakhmout.

Le 10, le ministre de la Défense et chef des forces armées Sergueï Choïgou exige que tous les combattants « volontaires » signent un contrat avec ses services d’ici au 1er juillet.

Le 11, Evgueni Prigojine, à qui l’injonction est principalement destinée, exprime son refus, sur le principe, d’obéir à un ordre émanant du ministère de la Défense, et donc de signer un tel contrat.

Le 23, Evgueni Prigojine accuse l’armée russe de procéder à des frappes « meurtrières » contre les positions de Wagner et ordonne à « vingt-cinq mille combattants » de la milice de rentrer du front ukrainien pour « ramener l’ordre » en Russie. Les autorités russes dénoncent une tentative de « coup d’État militaire ». Le président Vladimir Poutine promet « un châtiment inévitable à ceux qui se sont engagés consciemment sur la voie de la trahison ».

Mutinerie du groupe paramilitaire russe Wagner, 2023 - crédits : Arkady Budnitsky/ Anadolu Agency/ AFP

Mutinerie du groupe paramilitaire russe Wagner, 2023

Le 24, les troupes de Wagner prennent le contrôle de la ville de Rostov-sur-le-Don (Rostov), dans le sud-ouest de la Russie, qui sert de base arrière aux opérations russes dans le Donbass ukrainien, avant de se diriger vers Moscou. L’aviation russe tente en vain d’arrêter le convoi de Wagner à Voronej, à plus de 500 kilomètres au nord. Plus tard dans la journée, les autorités russes et le groupe Wagner concluent un accord grâce à la médiation du président biélorusse Alexandre Loukachenko. Evgueni Prigojine ordonne à ses troupes qui avaient atteint la ville de Toula, à deux cents kilomètres de Moscou, de faire demi-tour. L’accord prévoit que le chef de Wagner quitte la Russie pour la Biélorussie. Le Kremlin annonce l’abandon des poursuites pénales engagées contre lui pour « appel à l’insurrection armée » et indique que ses mercenaires ne seront pas inquiétés.

Le 26, Vladimir Poutine remercie dans un discours les membres de Wagner d’avoir évité un « bain de sang », assurant que « la rébellion aurait de toute façon été écrasée ». Il leur propose de s’engager dans l’armée, de retourner à la vie civile ou de gagner la Biélorussie. Il dénonce en revanche « les organisateurs de la rébellion qui ont trahi à la fois leur pays et leur peuple ». De son côté, Evgueni Prigojine déclare que son opération n’était pas destinée à « prendre le pouvoir », mais à éviter « le démantèlement de Wagner ».

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

Événements précédents